Eloge des bords de routes
"Notre nature est dans le mouvement",
Pascal
La route est contraste, la route est paradoxe qui irrigue le monde
et fractionne les territoires. On la loue souvent car elle est l'image même
de la liberté. On la remercie car elle apporte l'aventure et le rêve. On l'emprunte
de plus en plus sans vraiment savoir à qui. On l'attend car elle serait synonyme
de développement. On s'en méfie car elle apporte le changement. On l'aime dans
des corps à corps sensuels où " on la prend " pour d'autres horizons. On enfourche
parfois sa moto et on s'engage dans les courbes. On la maudit qui nous enfume
d'un nuage de poussière. On la redoute et on la craint quand elle tue. On l'exorcise
à coup de chapelets, de médailles de saint Christophe, de croix ou de temples.
On la suit souvent car elle mènerait à Rome. On l'emprunte avec des compagnons
qui prendront son nom. On la perd aussi comme un chemin. On peste contre elle
quand elle charrie les nuisances. On atteint rarement le bout. Si le rêve persiste,
la route a perdu de l'épaisseur, le voyage une part de sa magie et le territoire
traversé de l'importance au profit du seul point d'arrivée. Effet tunnel garanti.
La sortie de route s'impose. L'aventure est aussi au bord du chemin. Eloge des
bords de routes.
Un monde oublié.
La route est devenue un espace-temps subi qui sépare le départ de l'arrivée,
un simple support technique pour le véhicule qui nous héberge. Les guides n'en
parlent plus. L'automobiliste, " handicapé du réel ", installé dans sa bulle
- prolongement de son domicile - emprunte ce " tunnel temporel " avec des œillères
et l'autoradio comme seul compagnon. Aucun risque de partir dans le décor. A
peine quelques panneaux touristiques bruns pour détourner l'attention vers un
site ou un bâtiment remarquable instrumentalisé par l'économie du tourisme et
le marketing territorial. En voiture comme en train ou en avion, l'aventurier
du chronomètre n'a souvent plus qu'une idée en tête : arriver le plus vite possible
à destination. La route, comme les autres infrastructures nécessaires à la circulation
accélérée des hommes et des biens, est souvent devenue un non-lieu (selon
l'expression de Michel de Certeau reprise par Marc Augé) que l'on se
hâte de traverser. Le parcours s'est peu à peu effacé au profit de la destination
comme si le territoire traversé n'avait plus d'importance. On a cherché à le
gommer, à supprimer ses rugosités, rêvant sans doute d'abolir l'espace et le
temps. Pire, malgré le confort amélioré, le voyage est devenu une contrainte,
au mieux un temps perdu à occuper, un paysage lointain, prétexte à rêverie.
La mobilité érigée en concept est devenue technologique, aseptisée. Le voyageur,
autiste en suspension au-dessus du paysage, un être fatigué, pressé d'en finir.
L'avènement rapide du GPS supprime les raisons de se perdre et les contacts
fortuits avec les autochtones et le territoire traversé ou les limites aux seuls
arrêts imposés en stations services, oasis de temps continu où d'hypermodernes
nomades se sustentent et abreuvent leurs montures à prix d'or. Sortie interdite.
Péage imposé.
Une image dégradée.
Après le rêve et le mythe du désenclavement, la route a désormais une image
négative. Les médias nous matraquent de messages sur l'insécurité routière,
les encombrements, les pirates et barbares de la route. On nous explique qu'elle
coûte cher en vie humaine et en pollution. On pointe son impact négatif sur
les écosystèmes, le paysage, la santé et le réchauffement climatique. La route
est sacrifiée sur l'autel du développement durable et de la société du bien-être.
Au quotidien, la route est également devenue le symbole de la routine et des
épuisantes migrations domicile-travail. On s'y sent de plus en plus encadré,
surveillé et contrôlé par les caméras, les radars ou les forces de l'ordre.
L'automobiliste qui l'emprunte se proclame vache à lait. Déjà technicisée et
déshumanisée, la route devrait pourtant bientôt devenir intelligente pour encore
plus de confort et de sécurité.
Un territoire à découvrir.
La route n'est pourtant pas qu'un ruban de bitume, un simple réseau technique
capable de nous mener en toute sécurité d'un point à un autre. L'autoroute non
plus. C'est aussi un monde habité et peuplé sur ses marges. Si prêt, si loin,
le monde de la route reste un monde ignoré. Il suffit un jour de tomber en panne
pour découvrir un autre univers, au bord, sur le bas-côté, dans les fossés.
Les occasions de se décaler de la sorte ne sont pas légion. Sauf à travailler
comme cantonnier, à œuvrer dans les services de l'Equipement, pilote d'un de
ces engins de la mort - tracteurs équipés d'un long bras qui broient tout sur
leur passage - ou à faire partie des patrouilleurs de l'autoroute, il y a peu
de chance que vous soyez obligés de suivre ces chemins de traverse, de longer
à pied le fleuve automobile. Avec une espérance de vie de 20 minutes en moyenne
au bord d'une autoroute, c'est sans doute une bonne chose. Il existe pourtant
quelques situations qui nous poussent à faire ce pas de côté et nous entrainent
au bord des routes. Pour le meilleur et pour le pire.
Arrêt obligé.
La panne est l'un de ces moments. Nous n'évoquons pas celle fictive qui préfigure
de tendres corps à corps mais plutôt l'incident mécanique ou la panne d'essence
qui réduit le fier automobiliste en modeste piéton errant la tête basse quémandant
d'un signe de la main l'arrêt d'un congénère pressé. L'auto-stop, formidable
moyen de transport dont on connaît le lieu et l'horaire de départ mais rarement
les lieux et horaires d'arrivée est une autre occasion de changer d'échelle
et de regard. Il arrive que pour un mot de travers, une remarque, une opinion
différente, une avance refusée, on se retrouve éjecté au milieu de nulle part,
au bord de la route. Les très courus chemins de Saint-Jacques qui suivent parfois
les nationales offrent la possibilité de belles galères sous un soleil de plomb.
Les voies de la démocratie locale qui empruntent parfois les chemins tortueux
des collages nocturnes sur les panneaux et poteaux de bord de route permettent
aussi de s'encanailler sur les bas-côtés. Dans tous les cas, on se sent un peu
naufragé, fraudeurs, jouant sur les marges et les interdits.
Décalages garantis.
Au bord de la route, le choc entre les deux espaces de stock et de flux
s'accompagne d'un choc entre deux temps et deux vitesses. On rêve un instant,
comme naufragé, suspendu, échoué. La route est proche mais déjà mise à distance.
" L'île de béton " de J.G. Ballard n'est pas loin mais il n'est pas sûr que
l'on puisse survivre longtemps au bord de la route, d'un fond de bouteille de
soda ou d'un hamburger avarié. Planté au bord de la route, on ressent physiquement
le décalage entre la vitesse des véhicules et sa propre vitesse, réduite, limitée.
Décalage renforcé par le bruit des véhicules qui s'approchent et qui s'éloignent,
l'odeur des gaz d'échappement qui font de même et parfois le filament musical
d'une chanson, d'un air de musique dont on cherche le nom. Danger et abandon
sur le bord du fleuve, sur la marge, au bord de la route. Puis on finit par
trouver son propre rythme, à philosopher sur l'agitation ordinaire, la vitesse
avant d'atteindre la borne téléphonique, la station service ou le village proche.
Des rives et des rêves.
Cabinet de curiosités.
Le bord de route est aussi une déchetterie en plein air, un miroir qui nous
renvoie la pire image de notre société de consommation. Les scories du monde
contemporain finissent là, échouées au bord des routes. Poussières d'estran
sur lesquelles nous progressions. Se promener, longer les rives et faire l'inventaire
des déchets, consciencieusement. Relever tout ce qui traîne par terre dans le
fossé... À proximité de l'asphalte, l'herbe est noire d'un mélange de polluants,
de métaux lourds et d'autres spécialités routières dont la seule énumération
pourrait nous rendre malade. En contrebas, dans le fossé et derrière dans les
herbes folles - quand on les laisse se développer - on retrouve un patchwork
peu ragoûtant : cannettes en aluminium de boissons gazeuses mais aussi boîtes
de bière, paquets de cigarettes américaines, mégots, couches-culottes, mouchoirs
en papier, restes de sandwichs… le tout dans un état de décomposition plus ou
moins avancé.
Lieu vivant de communication et de débat.
C'est au bord des routes que s'étalent avec le plus de violence les supports
publicitaires de notre société de consommation. Panneaux destinés à être vus
d'une automobile en mouvement. Panneaux géants et souvent doubles qui impressionnent
et écrasent le piéton perdu en ces lieux. C'est dans les périphéries de nos
villes, à proximité des zones commerciales que les bords de route sont les plus
encombrés. C'est le long des autoroutes de Tchéquie que nous avons aperçu les
plus grands panneaux. Véritables paysages publicitaires. Presque irréels. Partout
au bord des routes des logos, des marques, des codes, pour nous déboussoler.
Comme si les habitants, les publicitaires, les promoteurs, les urbanistes d'hier
et d'aujourd'hui s'étaient donné rendez-vous pour brouiller les pistes. Le bord
des routes est aussi le lieu de l'indignation, de la contestation. " Non à l'enfouissement
des déchets ! " " Oui au contournement ! " " Non à la route ! " " Non à la destruction
du paysage ! " Le débat est permanent. Paroles libérées. La société à livre
ouvert. En période électorale, le bord des routes, les poteaux et les ponts
sont envahis d'affiches où chaque candidat expose sa trombine ou ses promesses
et se battent pour exister face aux affiches de cirques. Parfois les slogans
peints résistent au temps. Désormais les tags ajoutent encore à la confusion.
Superposition de langages, bric-à-brac de styles, choc des époques, des images
et des mots. Entre religion et érotisme, manipulation et hasard, sillonner les
routes c'est aussi traverser " l'empire des signes " et dérouler le fil d'Ariane
jusqu'à la rupture. Panneaux publicitaires, panneaux de circulation, bâtiments,
graffitis, ponts, ouvrages d'art et tunnels, mobilier urbain, ex-voto, publicités,
monuments, murs, affiches, vêtements, musiques, bruits, odeurs, langues : chacun
peut perdre son latin dans cette Tour de Babel de l'information. Même pour les
panneaux touristiques bruns, on frôle désormais la saturation. Sur certaines
portions, la moindre ferme effondrée devient source d'inspiration. Et si rien
de remarquable n'apparaît, reste alors à signaler les promenades en forêt et
les pistes cyclables. On doit cependant avouer une certaine tendresse pour les
panneaux champêtres en bois, peints à la main qui font la joie des petites départementales
: " fruits à 100 mètres " ; " cerises et asperges à 200 mètres " ; " emplacements
de caravanes à louer " ; " chambre d'hôte ". En été, ils fleurent bon les vacances.
En hiver, ils font rêver au soleil. En Pologne, on voit souvent au bord des
routes des personnes cherchant à vous vendre un pot de miel ou de myrtilles.
Au Brésil ou en Afrique, le long des routes de forêt, des tables en bois ou
des stands vous proposent des légumes cultivés sur place. Pourquoi s'offusquer
alors qu'avec d'autres moyens la grande distribution et les enseignes prestigieuses
ne se gênent pas. La réglementation est claire qui stipule que toute publicité
est interdite sur les immeubles classés parmi les monuments historiques ou inscrits
à l'inventaire supplémentaire, sur les monuments naturels et dans les sites
classés, dans les parcs nationaux et les réserves naturelles et sur les arbres.
En dehors de ces publicités illégales, les pré-enseignes dont les dimensions
sont plus limitées doivent être proches de l'activité signalée, et constituer
un " service à l'automobiliste ". Malgré ces textes, il semble bien difficile
de faire respecter les lois au bord de nos routes.
Zone habitée.
La route n'est pas qu'un lieu de passage. Elle est habitée par diverses peuplades
sédentaires ou mobiles qui y passent au moins une partie de leur vie. Il y la
noblesse avec ses chauffeurs routiers et leurs camions qui garent leurs mastodontes
sur les aires d'autoroutes à la manière des chariots des colons autrefois au
Far West. On compte aussi les gens du voyage, les circasiens et les forains
qui ne sont pourtant pas traités comme des princes. Il y a également des habitants
de plus en plus lisibles, les SDF qui campent sur les rocades, squattent les
bords de route et profitent de ces zones de liberté, de ces délaissés soumis
aux nuisances. Chassées des centres, ils ont planté leurs tentes ou leurs habitacles
de carton sur les rocades, dans l'herbe, au bord des autoroutes. Autre peuplade
celle des anges gardiens, composée de la police et des compagnies de CRS mais
aussi de patrouilleurs sur l'autoroute, de dépanneurs, de garagistes. Ils sont
cousins avec les nettoyeurs, qui entretiennent la route et ses abords et avec
l'intendance, c'est-à-dire toutes les personnes qui s'occupent de la logistique
pour que l'usage de la route soit facile (pompistes, dames au péage condamnées
par l'automatisation…). On évoquera encore le peuple des survivants. Si la peinture
et la littérature sont emplies d'images bucoliques de voyageurs allongés au
bord du chemin avec leur bâton et leur petit balluchon, on croise désormais
très peu de ces flâneurs, allongés le long des voies. On retrouve ces figures
dans des pays où l'on marche encore beaucoup le long des routes comme à Madagascar
ou plus près de nous en Pologne. On se souvient aussi d'un vieil homme avec
sa canne et son chapeau dans les hauts à la Réunion, un homme en pleine sieste
dans l'herbe du fossé de la route menant de Batna à Constantine en Algérie.
L'impression que ce ne sont pas eux qui sont allés s'asseoir au bord de la route
mais que c'est la route qui est venue à eux. Dans ma Lorraine natale, les soirs
de grande chaleur, quelques personnes sortent encore leur chaise devant les
portes pour prendre le frais. Comme en Algarve, dans le sud du Portugal. Survivants
spectateurs. On n'oubliera pas le peuple des passants ordinaires, c'est-à-dire
vous et moi qui empruntons la route dans nos déplacements quotidiens ou occasionnels
pour la rendre aussitôt à d'autres. Les bords de route ont aussi leurs rites,
leurs coutumes. On saucissonne encore sur les bords des routes et sur les aires
d'autoroute. L'interminable fille d'attente devant les toilettes de la station
d'autoroute où les occupants des bus accourus de l'heure entière semble s'être
donné rendez-vous est un must des départs en vacances. On salive encore après
des kilomètres devant le panneau " Frites à 100 mètres ". On redevient enfant
pour applaudir le passage éclair des forçats de la route et s'émerveiller de
la caravane du Tour de France. Carte postale d'une France bon enfant qui s'aligne
au bord des routes en short et en maillot.
Ecosystème particulier.
Les hommes ne sont pas les seuls à peupler la route et ses abords : talus,
fossés, accotements, et terre-pleins forment un écosystème très particulier.
Les fossés et bas-côtés sont souvent le dernier terrain d'aventure pour la flore
et la faune locales. À côté du demi million d'arbres plantés le long des routes,
un grand nombre d'espèces sauvages trouvent là les conditions nécessaires à
leur développement. En France, ces milieux spécifiques - désormais appelés "
écosystèmes des bords de route " ou " écosystèmes des dépendances vertes routières
" - représentent 2 850 kilomètres carrés pour les routes nationales et 2 000
kilomètres carrés pour les dépendances de voiries communales. Les bords de route
seraient le plus grand ensemble naturel sauvage du pays comparé aux 3 450 kilomètres
carrés de nos six parcs nationaux. En Angleterre, on a recensé là 35 espèces
végétales, une vingtaine de mammifères et 25 papillons. En Wallonie, les bords
de route accueillent plus de 700 espèces végétales, soit 50 % de la flore de
la région dont certaines espèces protégées. Derrière sur les piquets les buses
surveillent leur garde-manger. Fiers rapaces transformés en poules d'autoroutes
alignés comme à la parade pour saluer notre passage. D'autres congénères bataillent
dans le ciel avec les corneilles. Des faucons crécerelles jouent leur numéro
d'équilibriste dans un vol stationnaire dont ils ont le secret. Quand les voitures
s'éloignent et selon les saisons on entend parfois d'autres bruits : criquets,
grillons. Dans l'herbe, on peut deviner un animal qui se faufile, lézard, merle,
campagnol… Plus loin au second plan quelques vaches ne s'intéressent plus guère
au passage.
Champ de bataille.
Buses, faucons crécerelles mais aussi hérissons, serpents, lézards et insectes
vivent sur la route ou à côté et paient un lourd tribut à la route. Sur la chaussée,
après les pointillés, on trouve pléthore de ces trophées aplatis : hérissons,
lapins, orvets, insectes… Le tunnel de la mort. Chaque année, des milliers d'animaux
meurent sur les routes et jonchent les bas-côtés se mêlant aux déchets et autres
bouts de pneus mal rechapés. Patchwork animal qui se parchemine avec le temps.
Hérissons, lapins, crapauds, lézards, oiseaux, escargots, limaces, insectes
mais aussi chiens et surtout chats domestiques… Plus rares : renards chevreuils,
blaireaux même… Le bord de nos routes ressemble souvent à un champ de bataille.
Les perdants sont toujours du même côté. Espèce qui supporte les plus lourdes
pertes, le hérisson est devenu le symbole de ce massacre. Sur d'autres continents,
c'est le tatou. Ces animaux traversent souvent les routes dans leurs déplacements
ou s'y aventurent attirés par les cadavres écrasés. Le réflexe millénaire qui
le met en boule leur est fatal. En France, le nombre de collisions avec des
cervidés et sangliers a été multiplié par quatre en huit ans. Avant de vous
en prendre aux inconscients qui écrasent des animaux, regardez le pare-brise
de votre voiture. En été, c'est un cimetière d'insectes que vous balayez à la
station d'un coup de grattoir magique. La vie d'un chat serait-elle supérieure
à celle d'un papillon ?
Champs de bataille mondialisé.
La mondialisation, l'explosion des échanges se vit aussi au bord des bords
de route. La diffusion des plantes invasive suit les voies de communication
: routes, voies ferrées, fleuves. Les fossés, bas-côtés et autres délaissés
sont le lieu d'un combat qui modifie considérablement la structure et le fonctionnement
des écosystèmes au détriment de la flore et de la faune locales. Les plus exercés
reconnaîtront sans peine quelques spécimens de ces envahisseurs : le Séneçon
sud-africain, astéracée aux fleurs jaunes introduite involontairement en Europe
à la fin du XIXe siècle par l'intermédiaire des importations de laine de mouton
; le Buddléa, ou " arbre à papillon ", originaire de Chine, avec ses fleurs
violacées ; la Renouée du Japon, espèce aux rhizomes développés qui possède
aussi la capacité de régénérer à partir d'un simple fragment de tige et Le Solidage
glabre et Solidage du Canada, astéracées originaires d'Amérique du Nord reconnaissables
à leurs inflorescences terminales en grappes et des fleurs groupées en petits
capitules jaunes. L'invasion a commencé, mais qui la remarque et qui s'en soucie
?
Ne passez pas votre chemin !
Les bords des routes, les fossés, les bas-côtés ne sont pas de simples lisières
délaissées et sans intérêt. Ce sont des lieux habités, des espaces vivants à
explorer où chacun peut s'amuser à lire les tensions, les contradictions et
les espoirs d'une société en mutation rapide. Voyageurs ! Ne passez pas votre
chemin ! Arrêtez-vous un instant ! Regardez vos congénères pressés s'agiter
dans les tuyaux. Passez sur le bas-côté. Eloge des bords de routes.
Remarque
Certains passage de cet article sont extraits d'un ouvrage paru au début
de l'année 2007 : G. Rabin et L. Gwiazdzinski, Si la route m'était
contée, Ed. Eyrolles, 2007.
Biographie
Luc Gwiazdzinski est géographe, enseignant chercheur et fondateur avec l'économiste
Gilles Rabin de l'agence Sherpaa qu'il dirige. Il a publié de nombreux articles
sur le temps, la route et les mobilités dont La ville 24h/24, 2004, L'Aube,
La nuit dernière frontière de la ville, 2005, L'Aube, et récemment avec
Gilles Rabin, Si la route m'était contée, 2007, Ed. Eyrolles ; Carnets
périphériques, 2007, L'Harmattan
Bibliographie
Augé M., Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la
surmodernité, Seuil, 1992.
Ballard J. G., Concrete island (L'île de béton), trad. Georges
Fradier, Ed. Calmann-Lévy, 1974.
Certeau M. de, L'Invention du quotidien, Gallimard, 1990.
Chatwin B., Anatomie de l'errance, traduit de l'américain, Grasset, 1996.
Reda J., La Liberté des rues, Gallimard, 1997.
Sansot P., Chemins aux vents, Payot, 2000.