tag:blogger.com,1999:blog-7105249403921354422024-02-19T17:35:22.917+01:00Estran. Carnets géographiques. Luc Gwiazdzinski, Gilles RabinPremière tentative de traversée des mondes contemporains entre géographie, urbanisme, sociologie, aménagement du territoire, culture, innovation, créativité, développement, économie, tourisme, philosophie, prospective, mobilité, ancrage, ville, territoire, écrans numériques, temps, politiques publiques, collectivités, Etat, art, design, sens, santé, métropolisation, mondialisation, hybridation (...). Parcours sensibles du quartier à la planète avec T. Zeldin, P. Sansot, G. Perec, J.-P. Dollégwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.comBlogger34125tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-25640921405999272392020-12-27T08:58:00.002+01:002020-12-27T08:58:13.529+01:00<p style="text-align: center;"> Les Etats généraux du droit à la fête, premières propositions, décembre 2020 </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;"><a href="https://drive.google.com/file/d/1j-vD6oF-Si_SnGGcD-PTHgsoEHmsD1Mv/view">https://drive.google.com/file/d/1j-vD6oF-Si_SnGGcD-PTHgsoEHmsD1Mv/view</a></span></p><p style="text-align: center;">Collectif Culture Bar-bars – Fédération Nationale des Cafés culture</p><p style="text-align: center;"><br /></p><p style="text-align: center;">Faire confiance à la nuit</p><p style="text-align: center;">De la pandémie à une politique publique</p><p style="text-align: center;"><br /></p><p style="text-align: center;"><b>Luc Gwiazdzinski</b></p><p><br /></p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;">« La nuit doit revoir le jour ». Derrière le beau slogan médiatisé se cache la détresse des acteurs de la fête et de la nuit qui s’insurgent depuis des mois contre la fermeture de leurs établissements et craignent l’effondrement. La situation inédite, les difficultés rencontrées et les risques encourus par les acteurs économiques et culturels, nécessitent une mobilisation nationale, qui dépasse l’approche sécuritaire et anxiogène, une mise à l’agenda de la nuit qui ouvre des perspectives en termes d’expérimentations, de droit et de politique publique dans le respect des règles sanitaires. Alors que « tout s’oppose à la nuit », la crise sanitaire est aussi l’occasion de changer de regard sur nos vies et sur nos villes. </p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;">Choc et menaces. Au-delà des discothèques, c’est tout un monde qui vacille et avec lui une partie de notre vie sociale. La nuit est un temps particulier pour la fête et un moment essentiel d’interactions pour nos villes, nos quartiers et nos villages. Quand le couvre-feu s’installe, quand la fête devient impossible, quand les salles ferment, quand les événements sont annulés, quand celles et ceux dont le métier est de favoriser la convivialité, le plaisir et la rencontre sont interdits d’exercer, c’est un secteur économique important, des emplois mais aussi une culture, un art de vivre, un monde, et notre santé mentale qui sont directement menacés. Se rencontrer, partager et s’émerveiller ensemble est vital. Que se passera-t-il si 30% des établissements de nuit disparaissent. Que deviendront nos villes avec leurs nuits vides et en friches ? </p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;">Révélations. Les difficultés ne sont pas apparues avec la crise. Entre liberté et insécurité, la nuit est un monde en mutation permanente. Le poids des réglementations, l’aseptisation de certains quartiers, les cohabitations parfois douloureuses entre usagers et résidents, l’évolution des modes de vie et de consommation avaient déjà fragilisé ce secteur et ses multiples acteurs. En ce sens la Covid est un révélateur mais aussi l’occasion d’une mobilisation et d’une prise de conscience plus larges. Elle met notamment en évidence l’importance de « l’espace public » au sens politique du débat et de l’opinion et celle « des espaces publics » au sens architectural du terme avec les rues et les places, le besoin d’Etats généraux pour échanger et celui d’actions locales pour tester. C’est là, à l’extérieur des établissements que le rebond et les expérimentations ont été possibles. C’est par ces dépassements, permis par les débats et l’expérimentation in situ, que des solutions ont vu le jour.</p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;">Incompréhensions. Comme souvent en cas de crise, les interdictions ont d’abord frappé la nuit. Les établissements ont été les premiers à fermer. Ils seront les derniers à ouvrir. Le secteur a subi la double peine du confinement et du couvre-feu et les acteurs économiques et culturels ont l’impression d’être incompris. Le virus muterait-il après 20h ? Pourquoi les autorités ont-elles toujours peur de la nuit, de la fête et des jeunes. Pourquoi ne pas faire confiance aux professionnels responsables et expérimentés et laisser s’organiser des fêtes clandestines avec leurs lots de débordements et de stigmatisations associées. L’approche réglementaire semble également avoir pris le pas sur la reconnaissance des dynamiques locales. Les mesures prises de façon abrupte et « d'en-haut » le sont souvent par méconnaissance de la nuit, de la fête et de ses acteurs, de son importance accrue en termes d’économie, d’emploi, d’attractivité, de création et comme élément central de nos modes de vie et du bien-être. Pour nombre de professionnels, cette méconnaissance rime souvent avec absence de reconnaissance, voire mépris pour certaines formes artistiques et certains lieux de diffusion comme les scènes électro, rap ou métal. On peut reprocher l’approche négative de la nuit toujours abordée en termes de problèmes, de difficultés et de peur. Elle ne prend pas suffisamment en compte le travail transversal engagé localement, autour « d’Etats généraux », de diagnostics, de démarches de prévention, de plateformes d’échanges, de « conseils de la nuit », de « maires de nuit et l’invention de nouveaux outils de médiations comme les « chartes de nuit ». La question sanitaire doit être abordée de manière globale en regard d’autres dimensions centrales de la nuit, de la culture et de la fête (économie, société, culture, environnement…).</p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;">Rebond en ligne et besoin d’espace public. Au-delà des récriminations, les acteurs de la fête et de la nuit ont multiplié les initiatives tentant notamment de s’adapter avec des propositions à l’extérieur dans l’espace public ou une offre en ligne. Faisant preuve de responsabilité, de créativité et d’innovation, ils ont imaginé des agencements inédits entre établissements de tailles et d’activités diverses, secteur public et secteur privé. Dès le premier confinement, ils ont cherché à coopérer avec les autorités locales, se projeter vers demain en posant des questions d'éthique, de soutenabilité de la fête et en proposant le développement d’écosystèmes nocturnes à l'échelle de quartiers avec les résidents.</p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;">Mobilisation inédite. Elaborés en partenariat, naturellement interdisciplinaires, mélangeant acteurs du monde culturel, de la nuit, de la prévention, de la réduction des risques, représentants des pouvoirs publics, techniciens des collectivités, élus et universitaires, ces sept jours d’Etats généraux, d’ateliers, de débats et de rencontres ont permis d’établir un état des lieux sur un monde fragilisé par la crise qui résiste et s’organise. Il se structure, innove, interpelle sur les enjeux, cherche une reconnaissance et propose des pistes dans un dialogue inédit entre le local et le global, les acteurs de terrain et les autorités. En cela aussi la nuit innove et éclaire le jour.</p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;">Droit à la fête et politique de la nuit. Le Livre blanc est un « appel à la confiance » lancé vers les pouvoirs publics et les territoires. Les propositions dépassent le simple catalogue de revendications sectorielles pour faire émerger un « droit à la fête ». La réflexion transversale (santé, culture, économie, sécurité, tranquillité publique, urbanisme, développement durable, numérique, solidarité, mobilité…) permet d’esquisser les contours d’une indispensable « politique publique de la nuit » dans les villes, les quartiers, les territoires ruraux et péri-urbains et à l’échelle du pays. Dans la pratique, des « conseils de la nuit » pourraient être déployés sur tout le territoire. A l’échelle nationale la création d’un « comité interministériel » voire d’un « parlement de la nuit » mélangeant approches empirique, technique, scientifique et politique est proposé.</p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;">Faire confiance à la nuit. La réflexion qui s’engage sous la pression de la crise sanitaire doit permettre d’échapper aux réponses binaires pour déployer une « pensée nuitale » qui invite à la mesure (« sans lumière pas de ville la nuit mais trop de lumière tue la nuit ») et oblige à la co-construction. La crise est l'occasion de sortir par le haut et de prendre au sérieux la nuit, la culture, ses acteurs et ses espaces. La nuit a assurément beaucoup de choses à dire au jour et au futur de nos territoires. Protégeons nous et profitons-en pour imaginer ensemble les nuits de demain mais aussi les vies et les villes « qui vont avec ». Question d’imaginaire, de responsabilité et de confiance.</p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;"><b>Luc Gwiazdzinski</b> est géographe, Professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSA) de Toulouse. Ses travaux portent notamment sur les temps de la ville, les rythmes et la nuit. Il a dirigé de nombreux programmes de recherche et colloques et publié une quinzaine d’ouvrages sur ces questions parmi lesquels : <i>La nuit dernière frontière de la ville</i>, L’Aube ; <i>La ville 24h/24,</i> l’Aube ; <i>La nuit en questions</i>, L’Aube, 2005 ; Night studies, Elya ; Chronotopies, Elya ; Saturations, Elya ; <i>Pour une politique des rythmes</i>, EPFL</p><p><br /></p>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-23022239110424217832014-11-09T18:33:00.000+01:002014-11-09T18:33:30.981+01:00Défis et chantiers pour repenser l'action publique de proximité, Luc Gwiazdzinski<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
Contribution finale<br />
Rapport du groupe de travail sur l’action publique de proximité<br />
Assemblée des départements de France<br />
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<div style="text-align: right;">
<span style="font-size: x-small;">« Trop de distance et trop de proximité </span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-size: x-small;">empêche la vue ».</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-size: x-small;">Pascal</span></div>
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Les bouleversements économiques, environnementaux, sociaux et culturels à l’oeuvre à différentes échelles dépassent la seule question des réformes administratives et territoriales.<br />
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Ils remettent au cœur des débats, le citoyen, l’habitant dans ses pratiques et ses usages. Ils permettent de rappeler qu’un territoire qui se développe, attire et dans lequel chacun se sent bien est d’abord un territoire organisé où l’on se rencontre et où l’on échange.<br />
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Le big bang des organisations et des territoires oblige à changer de regard pour repenser l’action publique de proximité, transformer les inquiétudes en défis à relever et en chantiers à engager, passer de la résistance à l’offensive et se projeter ensemble dans le nouveau siècle.<br />
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Des défis à relever<br />
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Le défi de la complexité. Nous devons nous résoudre à ne pas pouvoir saisir la totalité du temps, de l‘espace qui nous entoure. Edgar Morin nous a prévenu : « la complexité est un mot problème et non un mot solution ».<br />
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Le défi de l’hypermodernité. Nous devons apprendre à penser les choses dans le sens de la complémentarité et non de l’opposition, de la complexité et non de manière binaire et sectorielle.<br />
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Le défi du temporaire, du mobile, du labile et de l’intermittent. Dans une société des flux et de la mobilité, il paraît illusoire de vouloir faire coïncider l’urbs et la civitas dans une énième tentative de délimitation du «territoire pertinent» et de son mécano institutionnel. Les politiques publiques doivent passer d’une logique de stock à une logique de flux en intégrant les agencements et assemblages temporaires, mobiles, labiles et intermittents à leurs logiciels d’observation et de gestion.<br />
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Le défi de l’hybridation. Nous devons apprendre à penser la polyvalence et l’hybridation des lieux, des temps et des organisations. Les tiers lieux, le tiers paysage sont d’autres manières d’aborder le mondes, d’autres représentations et réponses possibles.<br />
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Le défi de l’ouverture et de la coopération. Les territoires et leurs acteurs ont besoin de tisser des alliances et de monter des projets en collaboration, de co-élaborer, de partager et de co-construire à toutes les échelles.<br />
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Le défi de l’intelligence territoriale. Il faut passer d’une approche sectorielle à une intelligence collective des systèmes dynamiques complexes. Cette intelligence territoriale peut prendre la forme de plateformes d’innovation ouvertes, de fabriques territoriales qui permettent de travailler avec l’ensemble des parties prenantes sur de nouveaux imaginaires et sur l’émergence d’une nouvelle citoyenneté.<br />
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Le défi des récits pluriels. Dans un cadre en mutation, il faut construire de nouveaux récits fédérateurs à l’échelle de nos vieux pays, territoires, métropoles et quartiers.<br />
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Le défi de l’expérimentation. Face aux doutes et à la complexité, les réponses attendues sont davantage des réponses en termes d’expérimentations même modestes que de discours.<br />
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Le défi de l’intérêt général. Les recompositions en cours obligent à repenser la notion centrale d’« intérêt général » dont l’Etat était le dépositaire et de sa « relocalisation » éventuelle à une échelle suffisante pour permettre les arbitrages.<br />
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Le défi de la démocratie et de la confiance pour des citoyens augmentés. Le futur des relations entre temps, espace et habitants temporaires nécessite d’accepter une certaine « infidélité territoriale » et de construire de nouveaux « contrats de confiance » entre les différents acteurs, fussent-ils à durée limitée et renouvelables à toutes les échelles de la fabrique territoriale (lecture, écriture et gestion) notamment pour celles et ceux qui vivent à l’écart des métropoles et craignent l’émergence de nouvelles frontières et le déclassement.<br />
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Des chantiers et des leviers<br />
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Les défis à relever doivent être transformés en leviers de l’action publique de proximité et en chantiers à différentes échelles :<br />
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- Le premier chantier concerne les échelles temporelles de la démocratie locale. Face à l’éclatement des temps, des espaces et des mobilités, nous aurions intérêt à refonder nos institutions autour de l’idée d’une « citoyenneté présentielle » qui prenne notamment en compte le fait que nous sommes désormais des individus polytopiques et que nous votons là où nous dormons et non là où nous vivons éveillés. Nous pourrions imaginer devenir les « citoyens temporaires » des espaces dans lesquels nous passons du temps. Mais nous ne sommes pas encore prêts à imaginer les contours d’un système qui mettrait en valeur « l’ici et maintenant » et la « situation » au sens de Guy Debord, loin du traditionnel contrôle d’un territoire aux limites strictes avec ses frontières, ses financements et ses élus. Pourtant les occupations d’espaces publics pour des manifestations spectaculaires mais également « l’élection de maires de nuit » à Paris, Toulouse et Nantes obligent à réfléchir à un autre rapport à l’espace et au temps et au temporaire.<br />
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- Le second chantier très lié concerne les échelles territoriales de la démocratie locale. Il repose sur l’analyse du système territorial français qui croisait la vision froide de l’Etat arbitre et la capillarité fine de la commune héritière de la paroisse et échelon de base de la démocratie. Nous avions écrit ailleurs (Gwiazdzinski, Rabin, 2008) : « avec la montée de l’intercommunalité et l’effacement progressif de l’Etat, nous risquons d’assister à la disparition des maires, derniers gardiens de la République et d’une certaine idée de la France. Avec cette disparition, nous risquons de tout perdre à la fois : la capacité d’intervenir sur le long terme et d’arbitrer à une échelle supérieure dans le sens de l’intérêt général avec l’Etat et la capacité de gérer les problèmes quotidiens au plus près, c'est-à-dire à l’échelle de la commune ou du quartier avec le maire ».<br />
La question de la présence de l’Etat ne se pose malheureusement plus, tant elle s’est étiolée sur les territoires. La question des communes et de la démocratie locale reste posée notamment dans les grandes villes et les futures métropoles où le citoyen est nécessairement éloigné des élus. Pour l’instant, dans les grandes villes, le seul élu à l’échelon des quartiers reste le Conseiller général avec des compétences différentes. La dérive vers un scénario européen d’éloignement et de désincarnation du pouvoir n’est pas loin.<br />
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Dans les systèmes métropolitains, il faut donc réfléchir à l’approfondissement de la loi PLM et à la construction d’unités démocratiques de base (10 à 20000 habitants), pendants urbains des communes rurales aux moyens et compétences désormais limités avec la montée de l’intercommunalité. Légitimes car élus à cette échelle sur la base d’une campagne électorale de proximité, les maires de quartiers urbains pourraient devenir les acteurs et organisateurs de démarches de développement local à l’instar de ce qui existe en milieu rural et accueillir les initiatives de démocratie participative.<br />
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- Le troisième chantier lié au big-bang territorial concerne des organisations particulières dont on parle très peu dans les différentes réformes et qui participent à l’action publique de proximité : les agences, associations… Ces « faux nez », (agence d’urbanisme, de développement, des mobilités…), outils armés des collectivités, interviennent dans des domaines importants comme le développement économique, l’aménagement et l’urbanisme. Leurs actions sont bien souvent illisibles pour les citoyens qui ignorent ce qu’apportent ces services et qui sont les financeurs.<br />
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Ces outils anticipent un décrochage entre le contrôle territorial et les dispositifs d’action parapublics. Soit ils seront broyés par le jeu des nouvelles plaques tectoniques de la réforme territoriale avec notamment une redistribution claire des rôles et des moyens, soit ils prendront un rôle central en devenant les acteurs techniques de l’inter-territorialité, des outils d’une ingénierie territoriale partagée multiscalaire. Le second scénario est le plus probable d’autant que ces structures - quand elles épousent les limites des territoires établis (Région, Département…) - peuvent rassurer voire servir au maintien d’anciens réseaux et pouvoirs malgré la disparition de la collectivité à laquelle elles étaient liées. Avant la fusion des régions, on risque par exemple de voire se multiplier des agences régionales permettant aux systèmes en place de se maintenir. Dans tous les cas, les rôles, les fonctions, le pilotage et la gouvernance de ces organisations devront être examinés et mis en débat pour un grand public qui ignore jusqu’à leur existence.<br />
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- Le quatrième chantier concerne la définition de nouveaux contrats de confiance territoriaux nécessairement temporaires entre les citoyens, leurs élus, et leurs organisations techniques. Le mandat représentatif ne suffira plus à assurer la solidité d’un système territorial multiscalaire. Des coalitions sous forme de contrats, de pactes devront sans doute prendre le pas sur les logiques d’institution afin de gérer l’entre-deux, l’hybride et l’inter.<br />
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- Le cinquième chantier est celui du confort territorial, une notion qui doit permettre de repenser un service public de proximité remis notamment en cause par les mobilités, les tic et l’affaissement des ressources publiques et questionné par une demande nouvelle de la population en termes de bien-être voire de bonheur individuel.<br />
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- Le sixième chantier concerne le déploiement de nouvelles formes nouvelles de l’action publique, l’innovation ouverte, le design des politiques publiques et les outils qui permettent la partage des diagnostics, la co-construction des politiques, l’expérimentation et la co-évaluation. La diminution des moyens, la mise en place d’un nouveau logiciel, nécessiteront d’inventer de nouvelles formes d’action publique. La figure du territoire comme plateforme d’innovation ouverte permettrait de refonder une organisation et une action publique et d’imaginer un nouveau design des politiques et des territoires. Les savoir-faire développés dans les démarches de développement local, les différents programmes d’initiatives communautaires et les réflexions actuelles autour de Living lab ou de Fab lab territoriaux vont dans ce sens.<br />
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- Le septième chantier concerne le personnel des collectivités. Il prend en compte le besoin de formation au design des politiques publiques, à l’innovation et à la créativité territoriale, leur capacité à imaginer et mettre en place les outils et politiques de l’action publique de demain. Il intègre également la gestion de ces équipes, de leurs compétences et les transferts de savoir-faire dans un contexte d’incertitude et de recomposition. Il intègre également la possibilité de constitution d’équipes mobiles d’interventions sur des chantiers d’innovation.<br />
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- Le huitième chantier concerne le temps long de l’aménagement du territoire et de la prospective. Il est intéressant de noter que face aux mutations de nos espaces et de nos temps, les réponses qui s’élaborent le sont dans des dimensions très particulières de l’espace et du temps : l’urgence et la proximité. Elles vont à l’encontre des réponses proposées autrefois par nos organisations et la modernité : le temps long du politique et l’espace profond de l’aménagement. La nécessaire souplesse de nos organisations, leur adaptation, ne peuvent nous exonérer d’une réflexion prospective qui permette de donner du sens à l’action publique et d’une refonte de l’aménagement du territoire qui permette de fixer des caps et de poser quelques balises dans le sens de l’intérêt général. La dialectique local-global, particulier-général, urgence-temps long, émotion-raison, développement local et aménagement du territoire peut et doit être repensée.<br />
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- Le neuvième chantier concerne le marketing territorial et ses limites. Si les démarches de développement local sont des moteurs du développement, le territoire n’est pas un yaourt. Ce n’est pas l’espace isotrope, homogène et lisse que l’on voudrait nous donner à consommer. C’est une réalité humaine et sociale complexe, un espace habité qui ne peut se résumer à une image et un slogan. C’est un espace complexe, rocailleux, qui demande du temps pour être traversé, domestiqué, approprié. L’identité territoriale ne peut se résumer à des clichés.<br />
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- Le dernier chantier est celui de « l’imagibilité » et de la réassurance territoriale c’est à dire de la capacité des pouvoirs publics et des élus à rendre rapidement intelligibles pour tous les nouveaux principes, les nouveaux dispositifs et les nouvelles organisations imaginées. C’est une question de représentation et d’ergonomie des politiques publiques. C’est une question démocratique. Chaque citoyen doit pouvoir les comprendre, se les approprier rapidement afin qu’une insécurité spatiale et territoriale ne s’ajoute pas à l’insécurité économique et sociale qui mine notre société et suscite des tentations de repli.<br />
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Il est peut-être possible de contredire le prince de Talleyrand « Quand c’est urgent, c’est déjà trop tard ».<br />
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(*) Luc Gwiazdzinski est géographe. Enseignant en aménagement et urbanisme à l’Université Joseph Fourier de Grenoble (IGA), il est responsable du Master Innovation et territoire et Président du Pôle des arts urbains. Chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194 CNRS) associé au MoTU (Université Biccoca et Politecnico de Milano) et à l’EREIST (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), il oriente des enseignements et ses recherches sur les questions de mobilité, d’innovation métropolitaine et de chrono-urbanisme. Expert européen, il a dirigé de nombreux programmes de recherché, colloques internationaux, rapports, articles et ouvrages sur ces questions : Urbi et Orbi. Paris appartient à la ville et au monde, 2010, L’Aube ; Nuits d’Europe, 2007, UTBM ; Périphéries, 2007, L’harmattan ; La nuit dernière frontière de la ville, 2005, l’Aube ; Si la ville m’était contée, 2005, Eyrolles ; La nuit en questions (dir.), 2005, l’Aube ; La ville 24 heures /24, 2003, L’Aube. Il a également dirigé une agence des temps et des mobilités, une agence de développement et une agence d’urbanisme et développement durable.<br />
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Citer l’article :<br />
Gwiazdzinski L., 2014, « Défis et chantiers pour repenser l’action publique de proximité », Contribution au rapport Regards croisés sur l’action publique de proximité. Mobiliser les expertises pour préparer l’avenir des territoires, Algoé consultants, Assemblée des départements de France, Paris, octobre 2014, 65p.<br />
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Contact :<br />
luc.gwiazdzinski@ujf-grenoble.fr<br />
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Grenoble, octobre 2014<br />
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gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-43039602848802453592014-11-07T21:57:00.002+01:002014-11-07T22:11:43.614+01:00Insécurités territoriales, Luc Gwiazdzinski & Gilles Rabin, Libération, 3 novembre 2014<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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Après avoir abandonné la souveraineté budgétaire et monétaire à l’Europe pour un gain politique et économique dérisoire, l’Etat français s’apprête à rétrécir encore dans la précipitation et l’improvisation des réformes mal engagées.</div>
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Course à l’abîme. L’Etat se déshabille. Il est bientôt nu. Lui, qui s’occupait du temps long, de l’aménagement d’un territoire profond et de l’intérêt général, semble soumis à la dictature du court terme, de l’urgence, de la proximité et de l’émotion. Dans un double mouvement, les fondements d’une Nation construite autour de la République et de l’Etat s’effritent. Les valeurs républicaines semblent passées de mode, et l’Etat se solde lui-même pour des raisons budgétaires auxquelles la réforme territoriale ne répondra pas.</div>
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Que va-t-il rester comme socle de la cohésion nationale en pleine crise économique, sociale et identitaire ? Pourquoi ajouter une insécurité territoriale à l’insécurité économique et sociale ambiante ? Dans un contexte en mutation où tous les repères sont bousculés, on ne modifie pas sans risques l’Etat et les territoires, figures de réassurance dans un monde incertain.</div>
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Mécano peu républicain. Le processus se traduit, notamment, par la perte de compétences de l’Etat et l’émergence concomitante d’étranges configurations territoriales qui composent un nouveau mécano institutionnel : la «grande région» censée être mieux adaptée à la compétition européenne ; la figure hybride du «département rural» contrepoids politique à une nouvelle vision urbaine de la France représentée par les «métropoles». En l’absence de stratégie cohérente à long terme, la négociation qui se déroule au jour le jour, au gré des jeux politiciens et du lobbying crée un sentiment de malaise et déstabilise.</div>
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L’Etat laisse de la place aux régions, qui n’en demandaient pas tant, et tente de rassurer les départements un temps condamnés et déshabillés par la création des métropoles. Personne ne comprend plus rien à la réforme, et les arguments avancés ne tiennent pas.</div>
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L’Etat «gaudille» en promettant de nouvelles compétences aux régions, autorités organisatrices des transports, développement économique et innovation, et même de l’emploi. Dans le même temps, il n’apporte aucun éclairage sur les ressources propres et sur une fiscalité régionale indépendante qui devrait, naturellement, accompagner ce transfert de compétences. Rentier pathétique, l’Etat, aux abois, lâche ses compétences mais tente de conserver le pouvoir à travers la maîtrise des cordons de la bourse. La vente à la bougie ne fait pourtant que commencer.</div>
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L’Etat solde, et tout semble devoir disparaître. Sous prétexte d’économie, la facture économique, sociale et culturelle finale risque d’être lourde.</div>
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Le fantasme «viril» de la taille des régions ne tient pas non plus. Une région est-elle vraiment plus forte et compétitive parce qu’elle pèse dix millions d’habitants ? Le Land de Hambourg est-il moins compétitif que la région de Catalogne ?</div>
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Si l’argument de la taille était recevable, pourquoi a-t-on créé des métropoles qui affaiblissent le pouvoir économique, politique et démographique des nouvelles grandes régions, comme la métropole parisienne en Ile-de-France ou Lyon et Grenoble en Auvergne-Rhône-Alpes. L’intérêt pour les citoyens, qui voient, à nouveau, s’éloigner les pouvoirs et les services, n’est pas immédiatement lisible. De leur côté, les acteurs économiques regardent le paysage se complexifier sans vraiment pouvoir en mesurer les avantages et les inconvénients.</div>
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Naufragés médusés. Face à cet abandon par l’Etat en rase campagne, les territoires déboussolés cherchent naturellement ailleurs des références entre le tribalisme à l’écossaise et l’ivresse du grand large incarné par des métropoles mondialisées. Naufragés, comme médusés, ils se laissent séduire par les figures d’un darwinisme territorial.</div>
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L’Ecosse et la Catalogne sont des figures vivantes de la première tentation. Quand on a le pétrole ou l’innovation, pourquoi dépendre d’un Etat qui n’apporterait que des contraintes aux plus riches au profit des plus pauvres. La Bretagne et l’Alsace, bâties sur leurs socles identitaires, ne disent rien d’autre. Lorsque les amarres avec l’Etat sont coupées, les plus forts peuvent manger les autres.</div>
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Dans un même mouvement, la «bouée métropolitaine» serait l’autre figure d’espoir. Les grandes agglomérations représenteraient l’intégration réussie, face à une ruralité qui s’effondrerait sur elle-même, coincée entre les barrages, les aéroports inutiles et les déserts peuplés d’usines à mille vaches dans un maillage relictuel de bourgs et de villes moyennes exsangues.</div>
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Archaïsmes. La carte qui s’esquisse peu à peu est celle d’un territoire formé de grandes régions lointaines, égoïstes et jacobines autour d’une capitale régionale et de son gouvernement, une France structurée par un archipel de métropoles irriguant des arrière-pays en voie de désertification. Les départements rescapés géreront l’entre-deux ou seront remplacés par des échelons techniques décentralisés de grandes régions. Survivants symboliques sacrifiés sur l’autel de l’intercommunalité et derniers remparts de la République, parés de toutes les vertus de la proximité mais désormais sans pouvoirs, les maires finiront de disparaître dans la nostalgie.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Ce choix est une erreur politique et économique. Erreur politique car la géographie se venge. Des territoires construits autour de réseaux de villes moyennes démontrent que l’action raisonnée et raisonnable porte ses fruits à long terme. Erreur économique car le «monde est plat» et l’intelligence collective a remplacé les économies d’échelle. Il n’y a pas de déterminisme dans l’économie. Le nomadisme des élites, couplé à la qualité de vie de nos territoires, est le garant d’un développement maîtrisé.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
La République à la carte, qui se dessine à travers la fuite de l’Etat et la désorganisation des territoires, aura bien du mal à faire vivre, au quotidien, les principes qui ornent encore les frontons de certains de nos édifices publics : «Liberté, Egalité, Fraternité». Pire, dans une Europe «germanisée» où même les Etats fédéraux revendiquent des actions jacobines et où les territoires fleurissent autour de microprojets, la France prend du retard quand elle parie sur le gigantisme et l’urbain non maîtrisé.</div>
<div>
<br /></div>
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Luc Gwiazdzinski, Gilles Rabin</div>
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<br /></div>
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<a href="http://www.liberation.fr/politiques/2014/11/03/insecurites-territoriales_1135303">http://www.liberation.fr/politiques/2014/11/03/insecurites-territoriales_1135303</a></div>
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<br /></div>
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Auteurs de : «la Fin des maires. Dernier inventaire avant disparition», FYP Editions, 2008 et «Urbi et Orbi Paris appartient à la ville et au monde», éditions de l’Aube, 2010.</div>
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gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-70175341684530190952014-01-16T08:58:00.004+01:002014-01-16T08:58:35.689+01:00La révolution de Paris. Sentier métropolitain ?<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
Lavessière Paul Hervé, 2013, La révolution de Paris. Sentier métropolitain, Editions Wildproject, vient de paraître<br />
<a href="http://www.wildproject.org/revolutiondeparis">http://www.wildproject.org/revolutiondeparis</a><br />
<br />
<b>Préférez l'original datant de 2007</b><br />
<b><br /></b>
<br />
<b>Gwiazdzinski L., Rabin G., 2007, Périphéries. Un voyage à pied autour de Paris, carnets de ville, L'Harmattan</b><br />
<b><br /></b>
<a href="http://www.decitre.fr/livres/peripheries-9782296031920.html">http://www.decitre.fr/livres/peripheries-9782296031920.html</a><br />
<br />
<a href="http://www.franceculture.fr/oeuvre-p%C3%A9riph%C3%A9ries-un-voyage-%C3%A0-pied-autour-de-paris-de-luc-gwiazdzinski-gilles-rabin.html">http://www.franceculture.fr/oeuvre-périphéries-un-voyage-à-pied-autour-de-paris-de-luc-gwiazdzinski-gilles-rabin.html</a><br />
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<br /></div>
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gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-55219861695419498172013-06-05T13:27:00.001+02:002013-06-05T13:27:50.012+02:00Programme des 10èmes rencontres franco-suisse des urbanistes sur le temps, Lausanne, 5 juillet 2013<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Urbanistes des Territoires</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Association des Professionnels de l’Urbanisme des Collectivités et Territoires</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>FSU Section romande</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Fédération suisse </b></span><b style="font-family: Arial;">des urbanistes</b><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>10ème Rencontre franco-suisse des urbanistes</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Vendredi 5 juillet 2013</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b><br /></b></span><span style="font-family: Arial;">Université de Lausanne – Quartier Sorge - Bâtiment Génopode Metro M1 , Arrêt UNIL Sorge – Autoroute A1, Direction Lausanne Sud, Sortie UNIL EPFL</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Plan d'accès : <a href="http://planete.unil.ch/">http://planete.unil.ch/</a></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Concevoir la ville pour vivre le temps</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b><br /></b></span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Aujourd'hui, de multiples temporalités urbaines, générées tant par la ville elle-même que par ses résidents, interfèrent avec l'organisation du territoire. Ainsi, le temps et l'espace se combinent pour modeler nos métropoles et ont fait naître de nombreux concepts tels que chronoaménagement, accessibilité, proximité, banques du temps, maison des temps, etc.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Penser la ville, c'est se confronter aux "prescripteurs de temps" qui l'habitent et à la pluralité des temps sociaux qui la régissent. Ainsi, concepteurs et gestionnaires doivent s'approprier les différents rythmes urbains afin de créer l'espace nécessaire à la synchronisation des temps individuels ou collectifs.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Au cœur du débat sur le projet urbain se posent les questions de la qualité du temps perçu et de l'intensité du temps vécu. Cependant, à l'heure de la ville connectée, l'ère du "tout en même temps" n'est-elle pas venue? L'enjeu de la "ville hors ligne" ne préfigure-t-il pas la révolution temporelle de demain?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Lors de cette rencontre, des urbanistes et des chercheurs suisses et français débattront de l'articulation entre temps et territoires. Ils s'efforceront, à l'aide d'exemples concrets et d'analyses plus théoriques, de mettre en évidence les liens entre l'agencement de lieux ou de réseaux et les temporalités des citadins.</span></div>
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;">Cette 10ème Rencontre franco-suisse des urbanistes, toujours bien amarrée sur les rives du Lac Léman, s'adresse en priorité aux professionnels de l'urbanisme. Les enseignants, les étudiants, les curieux et tous ceux qui s'intéressent aux temporalités urbaines sont les bienvenus.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b><br /></b></span><span style="font-family: Arial;"><b>Organisation</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Urbanistes des Territoires (UT)</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Fédération suisse des urbanistes, section romande (FSU)</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Institut de Géographie et Durabilité (IGD)</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Observatoire universitaire de la ville et du développement durable (OUVDD)</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Inscription gratuite et obligatoire - Repas sur place à charge des participants</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><a href="http://www.urbanistesdesterritoires.com/">www.urbanistesdesterritoires.com</a> <a href="http://www.unil.ch/">www.unil.ch</a>/ouvdd <a href="http://www.fsu-r.ch/">www.fsu-r.ch</a></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b><br /></b></span><span style="font-family: Arial;"><b>Renseignements - Documents - Inscription</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;">www.unil.ch/ouvdd</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Inscription jusqu’au 21 juin 2013</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Lou Herrmann, OUVDD et IGD</span><br />
<span style="font-family: Arial;">lou.herrmann@unil.ch</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Renseignements complémentaires France : Bernard Lensel, UT</span><br />
<span style="font-family: Arial;">blensel@yahoo.fr</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Suisse : Thierry Merle, FSU / UT thierry.merle.urba@gmail.com</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b></b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Urbanistes des Territoires</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Association des Professionnels de l’Urbanisme des Collectivités et Territoires</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>FSU Section romande</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Fédération suisse</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>des urbanistes</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b><br /></b></span><span style="font-family: Arial;"><b>Grand témoin</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Luc Gwiazdzinski, géographe – Grenoble – France</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Luc <a href="http://lucgwiazdzinski.blogspot.fr/">Gwiazdzinski</a> est géographe, enseignant en aménagement et urbanisme à l’Université Joseph Fourier (IGA), responsable du Master Innovation et territoire (<a href="http://www.master.fr/">www.Master.fr</a>) et chercheur au laboratoire <a href="https://iga.ujf-grenoble.fr/">Pacte</a> (UMR 5194 CNRS) à Grenoble. Il a dirigé de nombreux programmes de recherche et colloques internationaux sur les temps de la ville et publié plusieurs ouvrages parmi lesquels : La ville 24h/24, 2003, Editions de l’Aube ; Si la ville m’était contée, Eyrolles ; La nuit, dernière frontière de la ville, 2005, Editions de l’Aube ; La nuit en questions, 2007, Editions de l’Aube ; Périphérie, 2007, l’Harmattan ; Si la route m’était contée, 2007, Eyrolles ; La fin des maires, FYP Editions ; Urbi et Orbi, 2010, Editions de l’aube.</span><br />
<div>
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial;">Voir notamment articles en ligne :</span><span style="font-family: Arial;">« Temps et territoires : les pistes de l’hyperchronie », revue Territoires 2040, n°6, 2012, p. 76-97 / <a href="http://territoires2040-datar.com/spip.php?article221">http://territoires2040-datar.com/spip.php?article221</a></span><span style="font-family: Arial;">« Redistribution des cartes dans la ville malléable », revue Espace, populations, société, n°2-3, 2007, p. 397-410 / <a href="http://eps.revues.org/index2270.html">http://eps.revues.org/index2270.html</a></span><span style="font-family: Arial;">« La ville malléable », in La ville adaptable, insérer les rythmes urbains, 2012, Europan, p.10-14 / <a href="http://rp.urbanisme.equipement.gouv.fr/puca/concours/E12_theme.pdf">http://rp.urbanisme.equipement.gouv.fr/puca/concours/E12_theme.pdf</a></span><span style="font-family: Arial;"><br /></span></span></div>
<div>
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial;"><br /></span></span></div>
<div>
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial;"><br /></span></span></div>
<div>
<span style="font-family: Arial;"><b>Vers un urbanisme des temps</b></span></div>
<span style="font-family: Arial;"><br /></span>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"><b><i>L’espace est la forme de ma puissance, le temps est la marque de mon impuissance.</i></b></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: Arial; font-size: x-small;"><b> Jules Lagneau</b></span></div>
<span style="font-family: Arial;"><b><br /></b></span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Le temps est longtemps resté le parent pauvre des réflexions sur le fonctionnement, l’aménagement ou le développement des villes et des territoires au bénéfice de l’aspect matériel. Aujourd'hui, les horaires et les calendriers d’activités des hommes et des organisations donnent le tempo, règlent l’occupation de l’espace et dessinent les limites de nos territoires vécus, maîtrisés ou aliénés.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Ces mutations ont transformé notre rapport à l’espace et au temps. Les cadres spatio-temporels classiques de la quotidienneté, les limites des territoires et les calendriers d’usage ont explosé. Chacun jongle avec le temps entre sa vie professionnelle, familiale et sociale, son travail et ses obligations quotidiennes. De nouvelles inégalités apparaissent entre populations, organisations et territoires inégalement armés face à l’accélération et à la complexification des temps sociaux.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Désormais, il s'agit de prendre en compte les rythmes dans l’observation et l’aménagement. Il faut construire une « rythmanalyse », dont Henry Lefebvre avait bien mesuré les enjeux, et convoquer chorégraphes et musiciens à ces « danses de la ville ». Dans une logique de développement durable, nous devons également réfléchir à un «urbanisme temporaire» qui s’intéresse aux modes d’occupation partiels des espaces et temps de la ville. Il est aussi nécessaire de prendre en considération les « calendriers » et de coordonner les activités afin d’assurer la polyvalence et la modularité des espaces autour de l’idée de « ville malléable ».</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><br /></span></div>
<span style="font-family: Arial;">Résumé d'après un texte de Luc Gwiazdzinski.</span><br />
<br />
<span style="font-family: Arial;"><b><br /></b></span><span style="font-family: Arial;"><b>Programme : </b></span><br />
<br />
<br />
<br />
<b style="font-family: Arial;"></b><b style="font-family: Arial;">08h00. </b><br />
<span style="font-family: Arial;">Accueil – Café croissants</span><br />
<br />
<br />
<span style="font-family: Arial;"><b><br /></b></span><b style="font-family: Arial;"></b><b style="font-family: Arial;">08h45 – 09h00. </b><span style="font-family: Arial;"><b>Mots de bienvenue</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Emmanuel Reynard - Directeur de l'Institut de Géographie et Durabilité de</span><br />
<span style="font-family: Arial;">l'Université de Lausanne, Professeur ordinaire de Géographie Physique</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Pierre Yves Delcourt - Président de la Fédération Suisse des Urbanistes - Section romande</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Bernard Lensel - Président d’Urbanistes des Territoires (France) </span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><b style="font-family: Arial;">09h00 – 09h15.</b><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Luc Gwiazdzinski</b>, géographe – Grenoble – France</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Introduction de la journée</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><b style="font-family: Arial;">09h15 – 10h15. </b><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Sandra Bonfiglioli</b>, professeur de Planification Territoriale et Urbaine - Italie</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Politecnico di Milano, initiatrice de la doctrine urbanistique des espaces-et-temps de la ville (LabSat, 1985, Politecnico di Milano), Milan</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Pourquoi les temps sont-ils un problème urbain ?</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Jean-Michel Evin</b>, directeur général et Gabriel Jourdan, urbaniste - France</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Agence d'urbanisme de la région grenobloise, Grenoble</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Espaces, temps et mobilités : entre constances et ruptures</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Luc Gwiazdzinski</b>, géographe – Grenoble – France</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Eclairage et débat</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>10h15 – 11h15</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Peggy Buhagiar</b> - France</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Responsable Recherches-Actions - Pôle Usagers Qualité et Temps / DUCT - Mairie de Paris</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Ville de Paris : usages et temps</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Lucie Verchère</b>, psychologue - France</span><br />
<span style="font-family: Arial;">GRANDLYON - Chargée de mission "temps et services innovants", Lyon</span><br />
<span style="font-family: Arial;">http://www.espacedestemps.grandlyon.com http://www.scoop.it/t/les-temps-de-la-ville</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Quand le GRANDLYON explore le temps pour incuber des services innovants</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Guillaume Drevon</b>, doctorant en géographie – France / Luxembourg</span><br />
<span style="font-family: Arial;">UMR PACTE 5194, Université de Grenoble - CNRS, Grenoble, France CEPS/INSTEAD, Geography and Development Department (GEODE), Esch- sur-Alzette</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Temps et mobilités quotidiennes des frontaliers. Le cas de la région métropolitaine luxembourgeoise</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Olivier Klein</b>, chargé de recherche en géographie - Luxembourg</span><br />
<span style="font-family: Arial;">CEPS/INSTEAD, Pôle Géographie et Développement, Esch-sur-Alzette</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Géovisualisation des espace-temps quotidiens : propositions d'outils d'aide à la réflexion</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Florent Cholat et Géraldine Durieux</b>, étudiants master - France</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Etudiants en Master 2 Sciences du Territoire parcours Innovation et Territoire Institut de Géographie Alpine, Université Joseph Fourier - Grenoble 1</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Temps et mobilités des jeunes et des personnes âgées</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Luc Gwiazdzinski</b>, géographe – Grenoble – France</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Eclairage et débat</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>12h30-14h30</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b></b></span><b style="font-family: Arial;">Repas sur place</b><br />
<b style="font-family: Arial;"><br /></b><b style="font-family: Arial;"><br /></b><b style="font-family: Arial;">14h30-14h45</b><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Luc Gwiazdzinski</b>, géographe – Grenoble – France</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><i>Synthèse du matin et introduction du programme de l'après-midi</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>14h45-16h00</b></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Sandra Mallet</b>, maître de conférences - France</span><br />
<span style="font-family: Arial;">EA 2076 Habiter, Institut d'Aménagement des Territoires, d'Environnement et d'Urbanisme Université de Reims Champagne-Ardenne</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Quelle(s) temporalité(s) dans les projets urbains dits "durables"?</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Michèle Tranda-Pittion</b>, docteur en art de bâtir et urbanisme - Suisse</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Architecte EPFL, urbaniste FSU, Bureau TOPOS, Genève</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Temporalités du projet urbain et jeux d'acteurs</i></span><br />
<br />
<span style="font-family: Arial;"><b>Lionel Chabot</b>, architecte paysagiste et géographe aménagiste - Suisse</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Exerce à titre indépendant, Genève</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Les aménagements papillons - nouvel outil stratégique d'aménagement urbain ?</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Luc Gwiazdzinski</b>, géographe – Grenoble – France</span><br />
<span style="font-family: Arial;">Eclairage et débat</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><b style="font-family: Arial;">16h00 – 17h00</b><br />
<b style="font-family: Arial;"><br /></b><span style="font-family: Arial;"><b>Olivier Français</b>, municipal des travaux – Lausanne – Suisse</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Témoignage d'un élu</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><span style="font-family: Arial;"><b>Luc Gwiazdzinski</b>, géographe – Grenoble – France</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Vers un urbanisme des temps </i></span><br />
<span style="font-family: Arial;">Débat</span><br />
<span style="font-family: Arial;"><br /></span><b style="font-family: Arial;">17h00 - 18h00</b><br />
<span style="font-family: Arial;"><i>Clôture de la journée</i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><span style="font-family: Arial;">Café de l'amitié</span><br />
<div>
<br /></div>
</div>
gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-3703878039708098232013-05-31T18:16:00.003+02:002013-05-31T18:16:37.646+02:00Exploration des limites de la métropole grenobloise (www.masteriter.fr)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<div>
<b>Fabrique métropolitaine de Grenoble</b></div>
<div>
<br /></div>
<div>
<br /></div>
<div>
Les étudiants du Master Innovation et territoire (<a href="http://www.masteriter.fr/">www.masteriter.fr</a>) ont parcouru à pied les limites de la métropole grenobloise, éprouvant les coupures et les coutures.</div>
<div>
Au-delà du mécano institutionnel, une métropole, c'est avant tout des hommes et des femmes qui vivent à cette échelle.</div>
<div>
<br /></div>
<a href="http://explorationlimitesmetrogrenoblemasteriter.fr/index.html">http://explorationlimitesmetrogrenoblemasteriter.fr/index.html</a><br />
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<br />
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<b>Fabrique métropolitaine de Grenoble</b></div>
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Les étudiants du Master Innovation et territoire (<a href="http://www.masteriter.fr/">www.masteriter.fr</a>) ont parcouru à pied les limites de la métropole grenobloise, éprouvant les coupures et les coutures.</div>
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Au-delà du mécano institutionnel, une métropole, c'est avant tout des hommes et des femmes qui vivent à cette échelle.</div>
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<a href="http://explorationlimitesmetrogrenoblemasteriter.fr/index.html">http://explorationlimitesmetrogrenoblemasteriter.fr/index.html</a><br />
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<b>Fabrique métropolitaine de Grenoble</b></div>
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Les étudiants du Master Innovation et territoire (<a href="http://www.masteriter.fr/">www.masteriter.fr</a>) ont parcouru à pied les limites de la métropole grenobloise, éprouvant les coupures et les coutures.</div>
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Au-delà du mécano institutionnel, une métropole, c'est avant tout des hommes et des femmes qui vivent à cette échelle.</div>
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<a href="http://explorationlimitesmetrogrenoblemasteriter.fr/index.html">http://explorationlimitesmetrogrenoblemasteriter.fr/index.html</a><br />
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gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-71265194185775105622013-04-26T12:13:00.000+02:002013-04-26T12:13:52.979+02:0040 ans, Le périphérique au coeur<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<br />
25 avril 2013, par Babel Photo<br />
40 ans – Le périphérique au coeur<br />
Luc Gwiazdzinski<br />
25 avril 1973 / 25 avril 2013 - le périph célèbre ses 40 ans aujourd'hui.<br />
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« Dans quelques jours, faire le tour de Paris en voiture sans rencontrer un seul feu rouge ne sera plus un rêve ». C’est en ces termes qu’en 1973, le journaliste vedette Léon Zitrone annonça aux français installés devant leur poste de télévision noir et blanc, l’inauguration du boulevard périphérique parisien. L’anneau de béton a donc quarante ans. Anniversaire oblige : l’infrastructure extérieure s’invite un temps dans les conversations capitales. La marge éclaire le centre et nous invite à dépasser les bornes. Le pas de côté permet l’émergence d’un débat plus large sur la métropole parisienne à différentes échelles, entre compétitivité et solidarité, fluidité et urbanité, développement et besoin de nature. On nous annonce la fin de périphérique et le périphérique n’a jamais été aussi présent.<br />
Chacun d’entre nous, usager, passager, habitant de la zone périphérique, est un témoin de sa vitalité. Avant de l’enterrer, il est temps aujourd’hui d’évoquer son rôle central dans la vie quotidienne de millions de personnes et d’imaginer les futurs possibles à l’échelle de Paris et sa région.<br />
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Symbole ambigu<br />
Butte témoin de notre histoire récente, le périphérique est dès son origine un objet urbain paradoxal qui marque à la fois le sommet des Trente glorieuses et le début d’une période de crise permanente dont nous ne sommes jamais sortis. Il est un emblème de la modernité dans un vieux pays nostalgique qui ne croit plus au progrès et aux lendemains qui chantent. Il est aussi le symbole d’une société de la consommation et de l’automobile dont nous avons perçu les limites. Depuis son inauguration par le premier Ministre Pierre Mesmer le 25 avril 1973, son image a bien changé. L’autoroute urbaine la plus empruntée d’Europe est désormais synonyme de nuisances. Artère essentielle et frontière palpable, le périphérique irrigue et ceinture une ville à l’étroit qui rêve d’un avenir métropolitain soutenable. Construit sur les anciennes fortifications, le « périph » qui a succédé aux « fortifs » est très souvent perçu comme une barrière, un mur entre Paris et la banlieue, ceux du dedans et ceux du dehors. Mieux, le périphérique semble un frein aux ambitions d’un Grand Paris qui sait désormais que son avenir est aussi sur les marges, hors les murs. La mise à l’échelle de Paris passe par le dépassement du périphérique, son intégration urbaine et métropolitaine.<br />
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Dernière frontière<br />
Depuis quelques temps, on se met à rêver de la frontière coupure en frontière couture. Le périphérique apparait comme une nouvelle terre promise pour une métropole à l’étroit qui veut dépasser les bornes pour réconcilier l’Urbs et la Civitas, ré-articuler la ville fonctionnelle et la ville administrative, améliorer la vie quotidienne des habitants et conserver son rang dans le classement des villes mondes. Après avoir envisagé de limiter la vitesse à 70 km/h, on parle désormais de couvrir le boulevard, d’y installer une canopée solaire voire une exposition universelle qui permettrait d’y développer des services, des équipements et des jardins. Au-delà des discours, les coûts de couverture élevés et la perspective peu attractive d’un parcours de 35 kilomètres en sous-sol semblent condamner à l’avance l’enterrement de première classe du périphérique. L’actualité serait plutôt aux petits tricotages permettant de retisser le lien entre la ville et la banlieue en continuant à profiter par endroit des perspectives métropolitaines. On cherche à estomper l’impact d’une infrastructure essentielle que l’on ne peut faire disparaître en multipliant les liaisons de part et d’autre, en équipant les portions couvertes et en végétalisant. La couverture de la Porte des lilas avec son jardin, son cinéma et son école de cirque est une figure intéressante de ce futur périphérique qui s’esquisse.<br />
Le nouveau jardin Anna Marly avec ses pelouses, ses jardins partagés et ses terrains de sport dans le XIVe arrondissement creuse cette voie. On cherche aussi à tisser des liens sous l’anneau de béton là où le périphérique est suffisamment haut avec par exemple un projet de place publique dans le XVIIe arrondissement. Dans le XIXe, on plante des milliers d’arbres de part et d’autre de l’infrastructure et l’on enchante le projet en évoquant - avec un lyrisme qui rappelle Jean Giono - l’émergence d’une « forêt linéaire ». Ailleurs on réfléchit à de nouvelles passerelles et passages : une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Nous rêvons personnellement que les nuits parisiennes puissent également trouver là un autre lieu de déploiement et d’exténuation à la hauteur des ambitions de la ville lumière, un espace où chacun puisse vivre sa nuit sans réveiller l’autre.<br />
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Occasion d’innover<br />
Le périphérique est à l’image d’une société paradoxale, où dans la même journée chacun change d’avis et de costume et exige tout et son contraire. Au moment où l’automobile mute vers moins de nuisances et alors que les réseaux deviennent intelligents, son aménagement est un symbole et un test pour Paris, les communes limitrophes et l’ensemble de la région. Le chantier qui s’ouvre est ambitieux et doit permettre de concilier les enjeux de desserte et les enjeux d’habitation, prendre soin des 300 000 personnes qui passent un peu de leur temps sur le ruban d’asphalte sans oublier les 100 000 personnes qui résident à proximité. Frontière intérieure du Grand Paris qui émerge, le périphérique ne doit pas seulement être perçu comme une contrainte.<br />
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C’est une chance pour Paris et les communes d’expérimenter avec l’ensemble de la population de nouvelles formes d’habiter les architectures de la mobilité. Entre ville mobile et ville nature, circuler et résider, le périphérique est un formidable laboratoire, un terrain d’aventure pour une nouvelle ingénierie urbaine, un objet hybride pour un nouvel imaginaire métropolitain. Le périphérique parisien est l’occasion d’esquisser les contours d’une nouvelle « métropolité » entre local et international, habitants et résidents, Urbi et Orbi. Le boulevard périphérique n’est pas qu’un simple ruban de bitume et de béton. C’est un monument, un rite, un symbole qui cristallise les enjeux d’une société en mouvement. Le périphérique est un monde habité. A nous de l’urbaniser.<br />
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Luc GWIAZDZINSKI est géographe et le préfacier du livre Périphérique, Terre promise.<br />
Enseignant-chercheur en aménagement et urbanisme à l’Université Joseph Fourier de Grenoble il est responsable du master Innovation et territoire et président du Pôle des arts urbains. Il oriente ses enseignements et ses recherches sur les questions de métropolisation, de mobilité, d’innovation et de chrono-urbanisme. Expert européen, il a dirigé de nombreux programmes de recherche, colloques internationaux, rapports, articles et ouvrages sur ces questions avec l'économiste Gilles Rabin : Urbi et orbi, 2010, l’Aube ; La fin des maires, 2007, FYP ; Si la route m’était contée, 2007, Eyrolles ; Nuits d’Europe, 2007, UTBM, Périphéries, un voyage à pied autour de Paris, 2007, l’Harmattan ; La nuit dernière frontière de la ville, 2005, l’Aube ; La nuit en questions (Dir.), 2005, L’Aube ; La ville 24h/24, 2003, l’Aube (…) /<br />
http://estran-carnetsdetonnement.blogspot.com/<br />
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<div class="entry-content" style="background-color: white; border: 0px; clear: both; font-family: arial, freeSans, sans-serif; font-size: 15px; line-height: 20px; margin: 0px; padding: 12px 0px 0px; text-align: -webkit-auto; vertical-align: baseline;">
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gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-9241809738048274332013-04-20T12:18:00.002+02:002013-04-26T12:10:11.115+02:00Périphérique, artère ou frontière ?<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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18 avril 2013, par Babel Photo<br />
Périphérique, artère ou frontière ?<br />
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Par Gilles Rabin, économiste<br />
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<a href="http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=710524940392135442#editor/src=sidebar">http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=710524940392135442#editor/src=sidebar</a><br />
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Dans "Le Rhin" Victor Hugo rêve d'un fleuve devenu artère entre les ennemis irréductibles et non plus frontière symbole de chansons guerrières et jalonnée de lieux qui - de Clovis à Hoche - sont autant de cicatrices toujours à vif.<br />
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Le périphérique est ainsi. Il évite d'entrer dans la capitale et de géner son repos. Il permet de tangenter sans pénétrer, pratique ourlet des géographes hésitant encore entre deux mondes. Avant le politique parlait déjà de ceinture rouge, et Citroën quittait Javel pour Aulnay, amenant les ouvriers loin de la ville lumière. Paris ne change pas avec ses quais de la seine rendus aux piétons et excluant la voiture. Le banlieusard voituré est à nouveau victime de l'octroi. Il doit prendre les transports en communs pour payer son écho à la ville musée dans son décor de cinéma. Le périphérique est donc une "frontière rhénane" qui exclut.<br />
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Mais le périphérique s'agrandit. Avec l'A86 et le système de transport du Grand Paris, le cercle s'élargit. Paris est devenu plus grand que la simple commune et ses vingt arrondissements. Paris fend l'armure et la ceinture doit desserrer quelques crans pour laisser la ville respirer. Le nombre de banlieusards travaillant à Paris est devenu quasi identique au nombre de parisiens travaillant en banlieue. Alors à quoi bon cette ceinture serrée qui étouffe ? A quand un périphérique métamorphosé en artère urbaine avec ses arbres et ses pistes cyclables.<br />
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Si Paris accepte la périphérie pour grandir il ne restera plus que les adeptes de la "démocratie du sommeil" pour se réfugier derrière des frontières administratives dépassées, en retard d'une guerre. Le périphérique est devenu une ligne Maginot, le chef d'oeuvre désormais inutile d'une époque dépassée.<br />
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Gilles Rabin est économiste.<br />
Il est l'auteur avec Luc Gwiazdzinski de plusieurs ouvrages qui mettent en avant<br />
sa vision et son approche hybride entre l'économie, les transports et la sociologie.<br />
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Photos: (1) Pieter Louis (2) Ludovic Maillard / Babel Photo<br />
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gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-79407438977394953662013-04-06T08:22:00.002+02:002013-04-23T18:17:00.918+02:00Carte postale du 21e arrondissement ou L’invention du périphérique<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<b>Carte postale du 21e arrondissement ou L’invention du périphérique</b></div>
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<b>Par Luc Gwiazdzinski, géographe</b></div>
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<a href="http://peripherique.blog.lemonde.fr/">http://peripherique.blog.lemonde.fr</a></div>
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<i>"La syntaxe urbaine affranchit."</i></div>
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Daniel Payot</div>
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Un proverbe gitan nous a avertis : "Ce n’est pas la destination mais la route qui compte". Le boulevard périphérique n’est pas un simple ruban de béton et bitume émetteur de nuisances. C’est un monument, un rite, un symbole et un mythe qui cristallise les enjeux d’une société paradoxale en mouvement. L’objet médiatique fait partie d’une géographie radiophonique familière de la France routière aux côtés de la "patte d’oie d’Herblay", du "Tunnel de Fourvière" ou du centre de "Rosny-sous-bois". À la fois coupure et couture, barrière et ouverture, porte d’entrée et possible échappée, le périphérique est paradoxe. C’est un monde à découvrir, un territoire et une frontière intérieure à investir, un imaginaire et un terrain d’aventure exceptionnel pour les acteurs de la fabrique urbaine, les artistes et toutes celles et ceux qui voudront bien l’explorer en acceptant de changer de regard. Le périphérique nous invite à être, à habiter, à exister, c’est-à-dire à "avoir sa tenue hors de soi, dans l’ouverture". Expérience sensible et dépaysement garantis.</div>
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Un territoire à explorer</div>
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Perdu quelque part entre l’intra-muros et le hors les murs, la ville-musée et la banlieue en mutation, le périphérique est une route particulière, de celles qui étourdissent et désorientent, séparent et relient. Cette infrastructure de transit qui tourne et contourne un centre qu’elle évite est aussi un territoire habité. Aux 35 km du contournement s’ajoutent les échangeurs et les bretelles, soit un réseau de près de 90 km pour une superficie totale de 1 680 000 m². Le "21e arrondissement" de la capitale dispose d’un bon niveau d’équipements avec 5 centres commerciaux, 13 parkings, 22 stations-service et 28 hôtels associés.</div>
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Un paysage en mouvement</div>
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Cette route est un paysage visuel et sonore construit pour et par la voiture. Le fleuve gronde et on l’entend de loin. Bordé de plusieurs milliers d’arbres, l’anneau à demi enterré qui passe sous un lac, un bois et une forêt compte une cinquantaine d’hectares d'espaces verts, fleuris et boisés et abrite quelques lapins visibles sur les pentes des sorties Muette ou Maillot. C’est aussi un paysage en mouvement, une mine de points de vue sur la ville et sur quelques totems ou monuments inscrits dans nos mémoires : Bercy 2, les cheminées des usines de traitement, un pont avec ses faux airs de Golden Gate à San Francisco, l’immeuble de TF1 qui renvoie à la lanterne magique, les grands Moulins de Pantin, les publicités et enseignes rouges de la ville-écran et tant d’autres objets et bâtiments mis en paysage par le parcours.</div>
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Une expérience à vivre</div>
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En regardant à travers le pare-brise, on se sent partie prenante d’une histoire urbaine qui dépasse Paris et rejoint d’autres skylines d’un copier-coller métropolitain mondialisé. À la fois ici et ailleurs, dans une étrange expérience cinétique. Comme au cinéma, on tourne autour de Paris, coincés dans nos bulles, coupés du monde réel et suspendus au-dessus de la route sur un toboggan de bitume. Assis dans nos voitures, entre vision panoramique et traveling avant permanent, chacun est à la fois spectateur et acteur du film de la ville lumière.</div>
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Des peuplades à découvrir</div>
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Plus de 100 000 personnes résident le long du tracé et subissent les nuisances. Parmi eux, les moins chanceux, les naufragés, sans domicile fixe, qui campent sur les bas-côtés. À ces résidents permanents s’ajoutent près de 325 000 "habitants temporaires" ou "périphiens" qui habitent l’espace et le temps de la mobilité. On repère d’abord la noblesse avec ses chauffeurs routiers et leurs camions aux plaques d’immatriculation exotiques. Ils vous regardent de haut mais pèsent si lourd que l’on évite de les provoquer en "duel". On ne peut échapper à la majorité, les habitués comme des poissons dans l’eau dans leurs déplacements quotidiens, surtout s’ils filent et se faufilent en scooter. Les occasionnels venus de plus loin connaissent mal le territoire et ses pratiques. Moins rapides, moins fluides, ils ont du mal à anticiper, à se glisser dans le flux et sont vite identifiés et chahutés par les impatients. Les anges gardiens forment une peuplade hétéroclite composée de policiers, de patrouilleurs et de dépanneurs. Ils sont craints ou attendus comme des sauveurs. Les nettoyeurs entretiennent la route et ses abords. À toutes ces peuplades qui habitent et cohabitent le long du boulevard, il faut ajouter la figure renouvelée de l’"auto-stoppeur", toujours prompt à s’inviter dans votre véhicule.</div>
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Des coutumes à éprouver</div>
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Dans cet embouteillage quasi-permanent, le "périphien" s’énerve car "ça n’avance pas", poursuit son activité car "il n’a pas de temps à perdre" ou bien rêvasse. La radio est son amie, un lien avec le monde à peine moins dangereux que le téléphone portable, les sandwichs, la bouteille d’eau, le paquet de gâteaux ou le sac de sucreries. Le matin, la voiture est souvent la continuité du domicile avant de devenir l’extension du bureau. Le rétroviseur fait office de miroir, les coffrets de maquillage tiennent en équilibre et les pinces à épiler s’invitent dans les narines alors que les miettes de croissant s’éparpillent sur les sièges. L’habitacle modulaire du véhicule passe du statut de salle de bain à celui de bureau, de celui de cuisine à celui de chambre à coucher, de la fonction de transport amoureux à celle de salle de cinéma avant de s’hybrider en baraque foraine et de finir en ménagerie ou en cirque avec la présence d’animaux familiers.</div>
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Un développement à venir</div>
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En parcourant à leur tour le périphérique, en y inscrivant leurs œuvres, les artistes vont le magnifier. En l’immortalisant, en collectant des images et des témoignages, ils vont le folkloriser et transformer l’objet en monument, le rite en patrimoine et les habitants en personnages. Ils vont faire surgir de nouvelles représentations, contribuer à une poétique de la route, créer une certaine esthétique du non-lieu, se rapprocher du terrain et des gens pour mieux mettre à distance et en scène. Ce faisant, ils feront sans doute surgir un périphérique à la fois plus froid et plus glamour, lui-même et son double spectaculaire. Ils vont inventer le périphérique comme d’autres avant eux ont inventé la montagne ou le rivage avant leur mise en tourisme. À l’image de la Route 66 et de la nationale 7, le périphérique aura bientôt ses nostalgiques, ses objets souvenirs cultes, ses pèlerinages et ses foules de touristes bigarrés. Quarante ans, c’est un peu trop jeune pour être enterré. Par contre, c’est un bon âge pour accéder au statut de réseau iconique ou d’icône réticulaire.</div>
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En incorporant pleinement le périphérique, en cherchant à le ré-enchanter pour mieux le dépasser, Paris ne fera qu’incorporer un bout d’elle-même, la richesse et la dynamique de ses marges.</div>
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Bonne visite et à vos cartes postales.</div>
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Sexe, sexe, viagra, viagra, viagra</div>
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Luc GWIAZDZINSKI est géographe. Enseignant-chercheur en aménagement et urbanisme à l’Université Joseph Fourier de Grenoble il est responsable du master Innovation et territoire et président du Pôle des arts urbains. Il oriente ses enseignements et ses recherches sur les questions de métropolisation, de mobilité, d’innovation et de chrono-urbanisme. Expert européen, il a dirigé de nombreux programmes de recherche, colloques internationaux, rapports, articles et ouvrages sur ces questions avec l'économiste Gilles Rabin : Urbi et orbi, 2010, l’Aube ; La fin des maires, 2007, FYP ; Si la route m’était contée, 2007, Eyrolles ; Nuits d’Europe, 2007, UTBM, Périphéries, un voyage à pied autour de Paris, 2007, l’Harmattan ; La nuit dernière frontière de la ville, 2005, l’Aube ; La nuit en questions (Dir.), 2005, L’Aube ; La ville 24h/24, 2003, l’Aube (…) /</div>
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Photos: Ludovic Maillard (2) et Pieter Louis( 1 et 3) / Babel photo</div>
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gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-43453743758905881722013-02-19T21:38:00.003+01:002013-04-06T08:45:57.650+02:00Master Innovation et territoire (ITER) à Grenoble (UJF/UPMF/ENSAG) <div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<b><span style="font-family: inherit;">Master Innovation et territoire (ITER) à Grenoble (UJF/UPMF/ENSAG) </span></b></div>
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<i><span style="font-family: inherit;">"Il faudrait que l'homme accroisse sa curiosité </span></i></div>
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<i><span style="font-family: inherit;">et accepte la complexité du monde dans lequel il vit"</span></i></div>
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<span style="font-family: inherit;">Theodore Zeldin, historien anglais, Grenoble, 28 mars 2012</span></div>
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<b><span style="font-family: inherit;">> Objectifs et débouchés :</span></b><br />
<span style="font-family: inherit;">L'objectif de cette formation "Innovation et territoire" est de former des chercheurs et des professionnels (responsables de projet, chargé de mission, chargé d'études, consultant, conseiller...) en aménagement, développement local et urbanisme capables de répondre aux attentes des collectivités, des entreprises ou des associations qui cherchent à développer de nouvelles compétences et à disposer dans leurs équipes de professionnels capables de s'adapter aux nouveaux enjeux, d'imaginer, hybrider, concevoir, créer et développer autrement et avec d'autres au-delà des frontières disciplinaires habituelles </span><a href="http://www.masteriter.fr/">http://www.masteriter.fr</a><br />
<span style="font-family: inherit;"><br />
<b>> Organisation :</b></span><br />
<span style="font-family: inherit;">La formation de deux années est construite autour de modules thématiques d'une semaine à quinze jours (cours, séminaires, ateliers, conférences, débats et travaux de terrain) construits en lien avec les associations, collectivités ou entreprises associées. Des stages de 4 mois à six mois sont prévus en France ou à l'étranger. </span><br />
<a href="http://www.masteriter.fr/">http://www.masteriter.fr</a><br />
<span style="font-family: inherit;"><br />
<b> > Programme :</b></span><br />
<span style="font-family: inherit;">Le M1 comporte les modules suivants : théorie des sciences territoriales ; Introduction à l'innovation territoriale, Innovation, environnement, nature et développement soutenable ; Innovation, temps et mobilités ; Innovation et développement économique ; innovation et gouvernance ; Innovation, art et créativité territoriale ; Innovation et métropolisation ; Méthodologie ; Innovation, tourisme, nature et loisirs (+ stage et mémoire)</span><br />
<span style="font-family: inherit;">Le M2 comporte les modules suivants : Innovation, communication et design des politiques publiques ; Innovation et prospective ; Innovation, imaginaires, planifications et utopies ; Innovation, nature et numérique dans les territoires métropolitains ; Citoyenneté augmentée, qualité et bien-être ; Méthodologie du mémoire et design collectif ; Anglais (+ stage + mémoire et atelier collectif annuel co-produit avec un partenaire du Master).</span><br />
<span style="font-family: inherit;">En seconde année, le Master Innovation et territoire propose également un parcours "Tourisme, Innovation, Transition" et un parcours en langue anglaise "International dévelopment Studies"</span><br />
<a href="http://www.masteriter.fr/">http://www.masteriter.fr</a><br />
<span style="font-family: inherit;"><br />
<b>> Equipe pédagogique :</b></span><br />
<span style="font-family: inherit;">L'équipe pédagogique est composée des enseignants et chercheurs suivants : Philippe Bourdeau, Yves Chalas, Marie-Christine Fourny, Luc Gwiazdzinski, Bernard Pecqueur, Olivier Soubeyran, Martin Vanier et une cinquantaine d'intervenants, enseignants, chercheurs et professionnels français et étrangers. Les modules ont lieu à la Cité des territoires à Grenoble, sur les terrains d'étude mais également sous forme de cours et ateliers sur d'autres sites en France et en Europe (Genève, Milan, Tours...).</span><br />
<a href="http://www.masteriter.fr/">http://www.masteriter.fr</a><br />
<span style="font-family: inherit;"><br />
<b> > Mots clés :</b></span><br />
<span style="font-family: inherit;">Aménagement, approche sensible, art et ville, cartographie, chrono-urbanisme, culture, développement local, développement économique, développement durable, design des politiques publiques, diagnostic territorial, ergonomie, esthétique, expertise d'usage, frontière, géographie, hybridation, imaginaire, innovation ouverte, métropolisation, mobilité, nature, politiques publiques, qualité de vie, représentations, SIG, temps des villes, tourisme, Urbanisme, ville numérique (...) (www.masteriter.fr)</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br />
<b>> Informations</b></span><br />
<a href="http://www.masteriter.fr/">http://www.masteriter.fr</a><br />
<span style="font-family: inherit;"><a href="http://www.ujf-grenoble.fr/formation/diplomes/masters/domaine-sciences-humaines-et-sociales/master-mention-sciences-du-territoire-specialite-innovation-et-territoire-r--218715.htm">http://www.ujf-grenoble.fr/formation/diplomes/masters/domaine-sciences-humaines-et-sociales/master-mention-sciences-du-territoire-specialite-innovation-et-territoire-r--218715.htm</a></span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br />
<b> > Contacts et inscriptions :</b></span><br />
<span style="font-family: inherit;">Informations pédagogiques :</span><br />
<span style="font-family: inherit;">Luc.gwiazdzinski@ujf-grenoble.fr</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br />
<b>> Inscriptions administratives :</b></span><br />
<span style="font-family: inherit;">Marie-sophie.arcaina@ujf-grenoble.fr (master 1)</span><br />
<span style="font-family: inherit;">nadia.lachkar@ujf-grenoble.fr (master 2)</span><br />
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gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-41886283097438595142013-02-15T19:45:00.003+01:002013-04-23T18:19:10.287+02:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div align="center">
<i>Témoignage routier…<br />
</i>
<b>Carte postale d'Outre-Atlantique<br />
Mobilités douces : "de Strasbourg à la Maison Blanche
en Barbecue roulant"</b></div>
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<b>Publié dans la revue L'autre voie n°3, 2007</b><br />
<a href="http://www.deroutes.com/cartepostale.htm"><b> http://www.deroutes.com/cartepostale.htm</b></a><br />
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<b>par Luc Gwiazdzinski</b></div>
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Je viens de sillonner la côte Est des Etats-Unis à bord d'une Citroën Traction
Avant équipée d'un " gazogène " propriété de Roger Marty, retraité de 74 ans
et père de mon ami Jean-Louis de Bernolsheim.</div>
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Fils d'un fabricant de boissons de Perpignan, Roger, 16 ans pendant la guerre
avait réussi à sauver deux camions qu'il équipa d'un gazogène. A l'occasion
de son quarantième anniversaire de mariage, ses enfants lui dénichèrent une
Citroën " 15 " - 6 cylindres, équipée d'origine d'un gazogène de 1939, de marque
Sabatier - Decauville " La Lilloise ". A 50 ans passés, l'antiquité a encore
une vitesse de croisière de 80 kilomètres/heure et autorise des pointes à 110
kilomètres/heure. Le fier pilote catalan précise cependant : " <i>a la bachade
touts als sants ajouden</i> ", " à la descente, tous les saints vous aident
". La voiture consomme ses 20 kilos de charbon de bois concassé aux 100 kilomètres
et l'on est obligé d'arrêter le véhicule tous les 50 kilomètres pour remettre
10 kilos de charbon de bois : " du charbon de bois de chêne ou de hêtre épuré
uniquement, surtout pas du pin ". La mise en route demande un bon quart d'heure
chaque matin avant que le gaz dégagé par le foyer ne devienne carburant en se
mélangeant à l'air. La Traction gazogène partie du port de Marseille le 25 mai
est arrivée à Boston le 5 juin. Formalités douanières accomplies et autorisations
en poche, la petite caravane - Traction " gazogène ", van Pontiac et camion
d'assistance technique V8 - s'est s'élancée pour un raid aller-retour de près
de 3 500 kilomètres de Boston à Washington en passant par Northfield et New-York.
</div>
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Première étape : toute l'équipe est accueillie à la Mairie de Boston. On découvre
dans cette ville une Amérique qui ressemble beaucoup à l'Angleterre avec ses
petites maisons victoriennes. A 60 kilomètres à l'heure sur les Highways, ou
au ralenti dans les ruelles du quartier italien, il a fallu apprendre à se mêler
au trafic. Pas facile de circuler entre les Macks, Dodge, Mercuri, Chevrolet,
Oldsmobile, Buick et autres Cadillac. Pas le temps de flâner : il faut prendre
la route pour Northfield au Nord où des " citroënnistes " américains nous attendent
pour leur concentration annuelle. La route fut bonne mais quelle idée de faire
des sorties d'autoroute à gauche... La voiture était l'attraction du Citroën
Quartely où se pressent les DS, SM et autres 2CV vestiges d'une époque où la
marque aux chevrons avait tenté l'aventure américaine. " Prix de l'originalité
" pour Roger et sa voiture qui finit la journée aphone... Quelques " baptêmes
en Traction " plus tard, il a fallu reprendre la route pour " Big Apple ". Les
regards admiratifs des américains qui nous dépassent nous transforment en ambassadeurs.
Je me souviens dans une côte cette maison, ou plutôt ce <i>mobil home</i> monté
sur une remorque qui nous a doublé. Nouvelles mobilités déjà expérimentés par
l'ami Marc avec ses maisons alsaciennes à colombage. A chaque arrêt le même
accueil enthousiaste et des explications dans un américain approximatif : "
<i>This car runs only on charcoal</i> ". Entre Maurice Chevalier et le Commandant
Cousteau : succès assuré. </div>
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Deuxième étape : New-York. Arrivée dans la moderne Babylone en soirée avec
l'étrange sensation d'entrer dans un piège qui se referme. Par contre, il est
bien plus facile de rentrer et de se repérer dans New-York que dans Paris. Le
temps de trouver un garage pour parquer les véhicules et c'est l'attroupement.
Policiers et badauds incrédules se pressent autour du véhicule en multipliant
les questions. On donne rendez-vous le lendemain soir à Times Square : la voiture
est exposée trois heures durant sur Broadway... sans autorisation spéciale.
Toujours la même incrédulité : expliquer aux new-yorkais ébahis et aux touristes
étonnés que la voiture ne fonctionne qu'au " <i>Cargoal</i> ", pardon au " <i>Charcoal</i>
". Peu de temps pour la dérive dans les rues de la " <i>City that never sleeps</i>
". Un petit tour à Liberty State Park, près de la Statue de la Liberté. Quelques
explications à des policiers américains pour arracher le droit de prendre des
photos. Argument suprême : la statue est un cadeau de la France au peuple américain
et le sculpteur est alsacien. </div>
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Dernière étape : la Maison Blanche. La route est longue et Washington une ville
étrange où se côtoient les symboles de la puissance américaine et les quartiers
délabrés. Le passage de la flamme olympique est cependant l'occasion de se mêler
au cortège avant d'aller remettre une caisse de vin Clinton " cuvée gazogène
" à la Maison Blanche. Un Clinton du Sud-Ouest : ça ne s'invente pas. Manqué
de peu : entre les préparatifs du sommet du G7 à Lyon et le passage du gazogène
: le mari d'Hillary a dû choisir. Belle consolation la remise d'un sympathique
message de remerciement du président américain nous attendait à notre retour
en France. Retraite bien méritée pour Roger et sa voiture de légende ? Il semblerait
que non... les Américains en ont redemandé... Nous aussi.</div>
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Washington, 17 juillet 1996</div>
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* Luc Gwiazdzinski est géographe, enseignant chercheur et fondateur avec l'économiste
Gilles Rabin de l'agence Sherpaa qu'il dirige. Il a publié de nombreux articles
sur le temps, la route et les mobilités dont <i>La ville 24h/24</i>, 2004, Ed.
de l'Aube, <i>La nuit dernière frontière de la ville</i>, 2005, Ed. de l'Aube,
et récemment avec Gilles Rabin <i>Si la route m'était contée</i>, 2007, Ed.
Eyrolles ; <i>Carnets périphériques</i> (à paraître), Ed. l'Harmattan.
Contact: lucmarcg@gmail.com </div>
gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-91436339055450674882013-02-15T19:34:00.000+01:002013-04-06T08:32:54.120+02:00Eloge des bords de route, Luc Gwiazdzinski<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<b>Eloge des bords de routes</b>
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<b> par Luc Gwiazdzinski</b><br />
<b>publié dans la revue L'autre voie n°3, 2007</b><br />
<b><a href="http://www.deroutes.com/bordsderoutes.htm"> http://www.deroutes.com/bordsderoutes.htm</a> </b></div>
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<i>"Notre nature est dans le mouvement</i><i>"</i>,
Pascal<br />
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La route est contraste, la route est paradoxe qui irrigue le monde
et fractionne les territoires. On la loue souvent car elle est l'image même
de la liberté. On la remercie car elle apporte l'aventure et le rêve. On l'emprunte
de plus en plus sans vraiment savoir à qui. On l'attend car elle serait synonyme
de développement. On s'en méfie car elle apporte le changement. On l'aime dans
des corps à corps sensuels où " on la prend " pour d'autres horizons. On enfourche
parfois sa moto et on s'engage dans les courbes. On la maudit qui nous enfume
d'un nuage de poussière. On la redoute et on la craint quand elle tue. On l'exorcise
à coup de chapelets, de médailles de saint Christophe, de croix ou de temples.
On la suit souvent car elle mènerait à Rome. On l'emprunte avec des compagnons
qui prendront son nom. On la perd aussi comme un chemin. On peste contre elle
quand elle charrie les nuisances. On atteint rarement le bout. Si le rêve persiste,
la route a perdu de l'épaisseur, le voyage une part de sa magie et le territoire
traversé de l'importance au profit du seul point d'arrivée. Effet tunnel garanti.
La sortie de route s'impose. L'aventure est aussi au bord du chemin. Eloge des
bords de routes.</div>
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<b>Un monde oublié.<br />
</b>La route est devenue un espace-temps subi qui sépare le départ de l'arrivée,
un simple support technique pour le véhicule qui nous héberge. Les guides n'en
parlent plus. L'automobiliste, " handicapé du réel ", installé dans sa bulle
- prolongement de son domicile - emprunte ce " tunnel temporel " avec des œillères
et l'autoradio comme seul compagnon. Aucun risque de partir dans le décor. A
peine quelques panneaux touristiques bruns pour détourner l'attention vers un
site ou un bâtiment remarquable instrumentalisé par l'économie du tourisme et
le marketing territorial. En voiture comme en train ou en avion, l'aventurier
du chronomètre n'a souvent plus qu'une idée en tête : arriver le plus vite possible
à destination. La route, comme les autres infrastructures nécessaires à la circulation
accélérée des hommes et des biens, est souvent devenue un <i>non-lieu</i> (selon
l'expression de Michel de Certeau reprise par Marc Augé) que l'on se
hâte de traverser. Le parcours s'est peu à peu effacé au profit de la destination
comme si le territoire traversé n'avait plus d'importance. On a cherché à le
gommer, à supprimer ses rugosités, rêvant sans doute d'abolir l'espace et le
temps. Pire, malgré le confort amélioré, le voyage est devenu une contrainte,
au mieux un temps perdu à occuper, un paysage lointain, prétexte à rêverie.
La mobilité érigée en concept est devenue technologique, aseptisée. Le voyageur,
autiste en suspension au-dessus du paysage, un être fatigué, pressé d'en finir.
L'avènement rapide du GPS supprime les raisons de se perdre et les contacts
fortuits avec les autochtones et le territoire traversé ou les limites aux seuls
arrêts imposés en stations services, oasis de temps continu où d'hypermodernes
nomades se sustentent et abreuvent leurs montures à prix d'or. Sortie interdite.
Péage imposé. </div>
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<b>Une image dégradée.</b><br />
Après le rêve et le mythe du désenclavement, la route a désormais une image
négative. Les médias nous matraquent de messages sur l'insécurité routière,
les encombrements, les pirates et barbares de la route. On nous explique qu'elle
coûte cher en vie humaine et en pollution. On pointe son impact négatif sur
les écosystèmes, le paysage, la santé et le réchauffement climatique. La route
est sacrifiée sur l'autel du développement durable et de la société du bien-être.
Au quotidien, la route est également devenue le symbole de la routine et des
épuisantes migrations domicile-travail. On s'y sent de plus en plus encadré,
surveillé et contrôlé par les caméras, les radars ou les forces de l'ordre.
L'automobiliste qui l'emprunte se proclame vache à lait. Déjà technicisée et
déshumanisée, la route devrait pourtant bientôt devenir intelligente pour encore
plus de confort et de sécurité. </div>
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<b>Un territoire à découvrir.<br />
</b>La route n'est pourtant pas qu'un ruban de bitume, un simple réseau technique
capable de nous mener en toute sécurité d'un point à un autre. L'autoroute non
plus. C'est aussi un monde habité et peuplé sur ses marges. Si prêt, si loin,
le monde de la route reste un monde ignoré. Il suffit un jour de tomber en panne
pour découvrir un autre univers, au bord, sur le bas-côté, dans les fossés.
Les occasions de se décaler de la sorte ne sont pas légion. Sauf à travailler
comme cantonnier, à œuvrer dans les services de l'Equipement, pilote d'un de
ces engins de la mort - tracteurs équipés d'un long bras qui broient tout sur
leur passage - ou à faire partie des patrouilleurs de l'autoroute, il y a peu
de chance que vous soyez obligés de suivre ces chemins de traverse, de longer
à pied le fleuve automobile. Avec une espérance de vie de 20 minutes en moyenne
au bord d'une autoroute, c'est sans doute une bonne chose. Il existe pourtant
quelques situations qui nous poussent à faire ce pas de côté et nous entrainent
au bord des routes. Pour le meilleur et pour le pire. </div>
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<b>Arrêt obligé.</b><br />
La panne est l'un de ces moments. Nous n'évoquons pas celle fictive qui préfigure
de tendres corps à corps mais plutôt l'incident mécanique ou la panne d'essence
qui réduit le fier automobiliste en modeste piéton errant la tête basse quémandant
d'un signe de la main l'arrêt d'un congénère pressé. L'auto-stop, formidable
moyen de transport dont on connaît le lieu et l'horaire de départ mais rarement
les lieux et horaires d'arrivée est une autre occasion de changer d'échelle
et de regard. Il arrive que pour un mot de travers, une remarque, une opinion
différente, une avance refusée, on se retrouve éjecté au milieu de nulle part,
au bord de la route. Les très courus chemins de Saint-Jacques qui suivent parfois
les nationales offrent la possibilité de belles galères sous un soleil de plomb.
Les voies de la démocratie locale qui empruntent parfois les chemins tortueux
des collages nocturnes sur les panneaux et poteaux de bord de route permettent
aussi de s'encanailler sur les bas-côtés. Dans tous les cas, on se sent un peu
naufragé, fraudeurs, jouant sur les marges et les interdits.</div>
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<b>Décalages garantis.<br />
</b>Au bord de la route, le choc entre les deux espaces de stock et de flux
s'accompagne d'un choc entre deux temps et deux vitesses. On rêve un instant,
comme naufragé, suspendu, échoué. La route est proche mais déjà mise à distance.
" L'île de béton " de J.G. Ballard n'est pas loin mais il n'est pas sûr que
l'on puisse survivre longtemps au bord de la route, d'un fond de bouteille de
soda ou d'un hamburger avarié. Planté au bord de la route, on ressent physiquement
le décalage entre la vitesse des véhicules et sa propre vitesse, réduite, limitée.
Décalage renforcé par le bruit des véhicules qui s'approchent et qui s'éloignent,
l'odeur des gaz d'échappement qui font de même et parfois le filament musical
d'une chanson, d'un air de musique dont on cherche le nom. Danger et abandon
sur le bord du fleuve, sur la marge, au bord de la route. Puis on finit par
trouver son propre rythme, à philosopher sur l'agitation ordinaire, la vitesse
avant d'atteindre la borne téléphonique, la station service ou le village proche.
Des rives et des rêves. </div>
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<b>Cabinet de curiosités.<br />
</b>Le bord de route est aussi une déchetterie en plein air, un miroir qui nous
renvoie la pire image de notre société de consommation. Les scories du monde
contemporain finissent là, échouées au bord des routes. Poussières d'estran
sur lesquelles nous progressions. Se promener, longer les rives et faire l'inventaire
des déchets, consciencieusement. Relever tout ce qui traîne par terre dans le
fossé... À proximité de l'asphalte, l'herbe est noire d'un mélange de polluants,
de métaux lourds et d'autres spécialités routières dont la seule énumération
pourrait nous rendre malade. En contrebas, dans le fossé et derrière dans les
herbes folles - quand on les laisse se développer - on retrouve un patchwork
peu ragoûtant : cannettes en aluminium de boissons gazeuses mais aussi boîtes
de bière, paquets de cigarettes américaines, mégots, couches-culottes, mouchoirs
en papier, restes de sandwichs… le tout dans un état de décomposition plus ou
moins avancé. </div>
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<b>Lieu vivant de communication et de débat.<br />
</b>C'est au bord des routes que s'étalent avec le plus de violence les supports
publicitaires de notre société de consommation. Panneaux destinés à être vus
d'une automobile en mouvement. Panneaux géants et souvent doubles qui impressionnent
et écrasent le piéton perdu en ces lieux. C'est dans les périphéries de nos
villes, à proximité des zones commerciales que les bords de route sont les plus
encombrés. C'est le long des autoroutes de Tchéquie que nous avons aperçu les
plus grands panneaux. Véritables paysages publicitaires. Presque irréels. Partout
au bord des routes des logos, des marques, des codes, pour nous déboussoler.
Comme si les habitants, les publicitaires, les promoteurs, les urbanistes d'hier
et d'aujourd'hui s'étaient donné rendez-vous pour brouiller les pistes. Le bord
des routes est aussi le lieu de l'indignation, de la contestation. " Non à l'enfouissement
des déchets ! " " Oui au contournement ! " " Non à la route ! " " Non à la destruction
du paysage ! " Le débat est permanent. Paroles libérées. La société à livre
ouvert. En période électorale, le bord des routes, les poteaux et les ponts
sont envahis d'affiches où chaque candidat expose sa trombine ou ses promesses
et se battent pour exister face aux affiches de cirques. Parfois les slogans
peints résistent au temps. Désormais les tags ajoutent encore à la confusion.
Superposition de langages, bric-à-brac de styles, choc des époques, des images
et des mots. Entre religion et érotisme, manipulation et hasard, sillonner les
routes c'est aussi traverser " l'empire des signes " et dérouler le fil d'Ariane
jusqu'à la rupture. Panneaux publicitaires, panneaux de circulation, bâtiments,
graffitis, ponts, ouvrages d'art et tunnels, mobilier urbain, ex-voto, publicités,
monuments, murs, affiches, vêtements, musiques, bruits, odeurs, langues : chacun
peut perdre son latin dans cette Tour de Babel de l'information. Même pour les
panneaux touristiques bruns, on frôle désormais la saturation. Sur certaines
portions, la moindre ferme effondrée devient source d'inspiration. Et si rien
de remarquable n'apparaît, reste alors à signaler les promenades en forêt et
les pistes cyclables. On doit cependant avouer une certaine tendresse pour les
panneaux champêtres en bois, peints à la main qui font la joie des petites départementales
: " fruits à 100 mètres " ; " cerises et asperges à 200 mètres " ; " emplacements
de caravanes à louer " ; " chambre d'hôte ". En été, ils fleurent bon les vacances.
En hiver, ils font rêver au soleil. En Pologne, on voit souvent au bord des
routes des personnes cherchant à vous vendre un pot de miel ou de myrtilles.
Au Brésil ou en Afrique, le long des routes de forêt, des tables en bois ou
des stands vous proposent des légumes cultivés sur place. Pourquoi s'offusquer
alors qu'avec d'autres moyens la grande distribution et les enseignes prestigieuses
ne se gênent pas. La réglementation est claire qui stipule que toute publicité
est interdite sur les immeubles classés parmi les monuments historiques ou inscrits
à l'inventaire supplémentaire, sur les monuments naturels et dans les sites
classés, dans les parcs nationaux et les réserves naturelles et sur les arbres.
En dehors de ces publicités illégales, les pré-enseignes dont les dimensions
sont plus limitées doivent être proches de l'activité signalée, et constituer
un " service à l'automobiliste ". Malgré ces textes, il semble bien difficile
de faire respecter les lois au bord de nos routes.</div>
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<b>Zone habitée.</b><br />
La route n'est pas qu'un lieu de passage. Elle est habitée par diverses peuplades
sédentaires ou mobiles qui y passent au moins une partie de leur vie. Il y la
noblesse avec ses chauffeurs routiers et leurs camions qui garent leurs mastodontes
sur les aires d'autoroutes à la manière des chariots des colons autrefois au
Far West. On compte aussi les gens du voyage, les circasiens et les forains
qui ne sont pourtant pas traités comme des princes. Il y a également des habitants
de plus en plus lisibles, les SDF qui campent sur les rocades, squattent les
bords de route et profitent de ces zones de liberté, de ces délaissés soumis
aux nuisances. Chassées des centres, ils ont planté leurs tentes ou leurs habitacles
de carton sur les rocades, dans l'herbe, au bord des autoroutes. Autre peuplade
celle des anges gardiens, composée de la police et des compagnies de CRS mais
aussi de patrouilleurs sur l'autoroute, de dépanneurs, de garagistes. Ils sont
cousins avec les nettoyeurs, qui entretiennent la route et ses abords et avec
l'intendance, c'est-à-dire toutes les personnes qui s'occupent de la logistique
pour que l'usage de la route soit facile (pompistes, dames au péage condamnées
par l'automatisation…). On évoquera encore le peuple des survivants. Si la peinture
et la littérature sont emplies d'images bucoliques de voyageurs allongés au
bord du chemin avec leur bâton et leur petit balluchon, on croise désormais
très peu de ces flâneurs, allongés le long des voies. On retrouve ces figures
dans des pays où l'on marche encore beaucoup le long des routes comme à Madagascar
ou plus près de nous en Pologne. On se souvient aussi d'un vieil homme avec
sa canne et son chapeau dans les hauts à la Réunion, un homme en pleine sieste
dans l'herbe du fossé de la route menant de Batna à Constantine en Algérie.
L'impression que ce ne sont pas eux qui sont allés s'asseoir au bord de la route
mais que c'est la route qui est venue à eux. Dans ma Lorraine natale, les soirs
de grande chaleur, quelques personnes sortent encore leur chaise devant les
portes pour prendre le frais. Comme en Algarve, dans le sud du Portugal. Survivants
spectateurs. On n'oubliera pas le peuple des passants ordinaires, c'est-à-dire
vous et moi qui empruntons la route dans nos déplacements quotidiens ou occasionnels
pour la rendre aussitôt à d'autres. Les bords de route ont aussi leurs rites,
leurs coutumes. On saucissonne encore sur les bords des routes et sur les aires
d'autoroute. L'interminable fille d'attente devant les toilettes de la station
d'autoroute où les occupants des bus accourus de l'heure entière semble s'être
donné rendez-vous est un must des départs en vacances. On salive encore après
des kilomètres devant le panneau " Frites à 100 mètres ". On redevient enfant
pour applaudir le passage éclair des forçats de la route et s'émerveiller de
la caravane du Tour de France. Carte postale d'une France bon enfant qui s'aligne
au bord des routes en short et en maillot. </div>
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<b>Ecosystème particulier.<br />
</b>Les hommes ne sont pas les seuls à peupler la route et ses abords : talus,
fossés, accotements, et terre-pleins forment un écosystème très particulier.
Les fossés et bas-côtés sont souvent le dernier terrain d'aventure pour la flore
et la faune locales. À côté du demi million d'arbres plantés le long des routes,
un grand nombre d'espèces sauvages trouvent là les conditions nécessaires à
leur développement. En France, ces milieux spécifiques - désormais appelés "
écosystèmes des bords de route " ou " écosystèmes des dépendances vertes routières
" - représentent 2 850 kilomètres carrés pour les routes nationales et 2 000
kilomètres carrés pour les dépendances de voiries communales. Les bords de route
seraient le plus grand ensemble naturel sauvage du pays comparé aux 3 450 kilomètres
carrés de nos six parcs nationaux. En Angleterre, on a recensé là 35 espèces
végétales, une vingtaine de mammifères et 25 papillons. En Wallonie, les bords
de route accueillent plus de 700 espèces végétales, soit 50 % de la flore de
la région dont certaines espèces protégées. Derrière sur les piquets les buses
surveillent leur garde-manger. Fiers rapaces transformés en poules d'autoroutes
alignés comme à la parade pour saluer notre passage. D'autres congénères bataillent
dans le ciel avec les corneilles. Des faucons crécerelles jouent leur numéro
d'équilibriste dans un vol stationnaire dont ils ont le secret. Quand les voitures
s'éloignent et selon les saisons on entend parfois d'autres bruits : criquets,
grillons. Dans l'herbe, on peut deviner un animal qui se faufile, lézard, merle,
campagnol… Plus loin au second plan quelques vaches ne s'intéressent plus guère
au passage. </div>
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<b>Champ de bataille.<br />
</b>Buses, faucons crécerelles mais aussi hérissons, serpents, lézards et insectes
vivent sur la route ou à côté et paient un lourd tribut à la route. Sur la chaussée,
après les pointillés, on trouve pléthore de ces trophées aplatis : hérissons,
lapins, orvets, insectes… Le tunnel de la mort. Chaque année, des milliers d'animaux
meurent sur les routes et jonchent les bas-côtés se mêlant aux déchets et autres
bouts de pneus mal rechapés. Patchwork animal qui se parchemine avec le temps.
Hérissons, lapins, crapauds, lézards, oiseaux, escargots, limaces, insectes
mais aussi chiens et surtout chats domestiques… Plus rares : renards chevreuils,
blaireaux même… Le bord de nos routes ressemble souvent à un champ de bataille.
Les perdants sont toujours du même côté. Espèce qui supporte les plus lourdes
pertes, le hérisson est devenu le symbole de ce massacre. Sur d'autres continents,
c'est le tatou. Ces animaux traversent souvent les routes dans leurs déplacements
ou s'y aventurent attirés par les cadavres écrasés. Le réflexe millénaire qui
le met en boule leur est fatal. En France, le nombre de collisions avec des
cervidés et sangliers a été multiplié par quatre en huit ans. Avant de vous
en prendre aux inconscients qui écrasent des animaux, regardez le pare-brise
de votre voiture. En été, c'est un cimetière d'insectes que vous balayez à la
station d'un coup de grattoir magique. La vie d'un chat serait-elle supérieure
à celle d'un papillon ? </div>
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<b>Champs de bataille mondialisé.<br />
</b>La mondialisation, l'explosion des échanges se vit aussi au bord des bords
de route. La diffusion des plantes invasive suit les voies de communication
: routes, voies ferrées, fleuves. Les fossés, bas-côtés et autres délaissés
sont le lieu d'un combat qui modifie considérablement la structure et le fonctionnement
des écosystèmes au détriment de la flore et de la faune locales. Les plus exercés
reconnaîtront sans peine quelques spécimens de ces envahisseurs : le Séneçon
sud-africain, astéracée aux fleurs jaunes introduite involontairement en Europe
à la fin du XIXe siècle par l'intermédiaire des importations de laine de mouton
; le Buddléa, ou " arbre à papillon ", originaire de Chine, avec ses fleurs
violacées ; la Renouée du Japon, espèce aux rhizomes développés qui possède
aussi la capacité de régénérer à partir d'un simple fragment de tige et Le Solidage
glabre et Solidage du Canada, astéracées originaires d'Amérique du Nord reconnaissables
à leurs inflorescences terminales en grappes et des fleurs groupées en petits
capitules jaunes. L'invasion a commencé, mais qui la remarque et qui s'en soucie
? </div>
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<b>Ne passez pas votre chemin !<br />
</b>Les bords des routes, les fossés, les bas-côtés ne sont pas de simples lisières
délaissées et sans intérêt. Ce sont des lieux habités, des espaces vivants à
explorer où chacun peut s'amuser à lire les tensions, les contradictions et
les espoirs d'une société en mutation rapide. Voyageurs ! Ne passez pas votre
chemin ! Arrêtez-vous un instant ! Regardez vos congénères pressés s'agiter
dans les tuyaux. Passez sur le bas-côté. Eloge des bords de routes.</div>
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<br />
</div>
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<i><b>Remarque</b><br />
</i>Certains passage de cet article sont extraits d'un ouvrage paru au début
de l'année 2007 : G. Rabin et L. Gwiazdzinski, <i>Si la route m'était
contée</i>, Ed. Eyrolles, 2007.</div>
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<br /></div>
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<i><b>Biographie</b><br />
</i>Luc Gwiazdzinski est géographe, enseignant chercheur et fondateur avec l'économiste
Gilles Rabin de l'agence Sherpaa qu'il dirige. Il a publié de nombreux articles
sur le temps, la route et les mobilités dont <i>La ville 24h/24</i>, 2004, L'Aube,
<i>La nuit dernière frontière de la ville</i>, 2005, L'Aube, et récemment avec
Gilles Rabin, <i>Si la route m'était contée</i>, 2007, Ed. Eyrolles ; <i>Carnets
périphériques</i>, 2007, L'Harmattan </div>
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<b><i>Bibliographie<br />
</i></b> Augé M., <i>Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la
surmodernité</i>, Seuil, 1992. <br />
Ballard J. G., <i>Concrete island</i> (<i>L'île de béton</i>), trad. Georges
Fradier, Ed. Calmann-Lévy, 1974.<br />
Certeau M. de, <i>L'Invention du quotidien</i>, Gallimard, 1990.<br />
Chatwin B., <i>Anatomie de l'errance</i>, traduit de l'américain, Grasset, 1996.<br />
Reda J., <i>La Liberté des rues</i>, Gallimard, 1997.<br />
Sansot P., <i>Chemins aux vents</i>, Payot, 2000. </div>
</div>
gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-44843715811141388572013-01-06T11:10:00.002+01:002013-01-06T11:44:52.269+01:00Rendre l’homosexualité lisible en milieu rural (*)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
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</div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><b><span style="color: windowtext;">Rendre l’homosexualité
lisible en milieu rural </span></b></span><span style="color: windowtext; font-size: small;">(*)</span><span style="font-size: small;"><b><span style="color: windowtext;"></span></b></span><br />
<span style="font-size: small;"><b><span style="color: windowtext;"><br /></span></b></span></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: center;">
<span style="font-size: small;">par Ronald Grootaers, Président de l’association Pink pastorale</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">En milieu
rural on vit et on travaille très souvent dans un cadre familial. On connait bien son village, son entourage et on fait partie d’une communauté bien
définie géographiquement surtout en zone de montagne. Selon les moments, les cas et les populations, c'est un avantage ou un inconvénient, un enfermement ou une ouverture. En ce sens la condition particulière des homosexuels en milieu rural et les initiatives développées sont intéressantes à analyser tant en termes de difficultés que d'innovations. C'est le sens de cette communication qui s'intéresse à la question sur un secteur rural des Alpes de Haute-Provence.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><b>Une forte pression sociale</b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">Être
homosexuel à la campagne entraîne souvent un repli sur soi. La peur de
l’incompréhension de l’entourage familial, amical et social apparait comme un
obstacle insurmontable. On peut citer l’ancien premier Ministre Monsieur
Raffarin s'exprimant sur le sujet : « <i>L’isolement engendre des
conséquences au plan social. Toutes les études montrent que c’est un facteur
déterminant des processus d’exclusion </i>». Parmi les causes d’isolement,
il y a celles liées à la découverte d’une orientation sexuelle différente et
l’image de soi souvent dégradée renvoyée par l’environnement. Toujours
selon M. Raffarin « <i>Le sentiment
d’abandon et de dépréciation accélère la dépendance et favorise les situations
de vulnérabilité physique et psychique, ce qui est propice à la maltraitance et
au suicide </i>». Or l’homosexualité n’est pas un choix. Le sentiment
d’inadéquation personnelle ou sociale avec l'environnement et la difficulté à accepter son orientation homosexuelle ou bisexuelle contribuent à la
construction d’une faible estime de soi, </span><span style="font-size: small;">aggravée par l’image négative de l’homosexualité, les rejets vécus, la
dépréciation quotidienne et les difficultés de socialisation avec l’entourage. </span><span style="font-size: small;">Ces éléments entrainent un repli et
un sentiment de solitude accentués en milieu rural. L’homosexualité est encore associée à une
image négative et les adolescents doivent composer avec cette réalité pour construire une image d’eux-mêmes. L'absence de modèles positifs conduit souvent ces jeunes à un déni de leur propre personne et à une
homophobie intériorisée, qui peuvent aller jusqu’au désir de mourir.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><b>Une expérience personnelle </b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">Je me suis
installé en 1989 en milieu rural dans
les Basses alpes où j'ai fait l'acquisition d'une campagne, une ferme avec ses
terres dans une commune agricole. Après mon divorce en 1995, je suis devenu
père homoparental. A cette époque l’homosexualité en milieu rural était presque invisible, au moins en surface. Les difficultés </span><span style="font-size: small;">et l’isolement pouvaient expliquer que </span><span style="font-size: small;">deux femmes ou deux hommes vivent ensemble. L'accueil était très différent pour les couples homosexuels -en général </span><span style="font-size: small;">des néo-ruraux - </span><span style="font-size: small;">ayant fait leur <i>coming-out</i>. C’était encore rare avant les
années 2000. J’ai vécu cette différence de traitement mais je n'en ai pas souffert.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;">La situation a
radicalement changé à l’entrée de ma fille au lycée en 2004. Elle a très mal vécu le rejet d’adolescents homosexuels de son entourage par les autres. A cette époque, il n’était
pas rare qu’elle invite des ami(e)s à la maison, pour parler avec nous de la
différence et de la manière de la gérer. Cette année là,
deux adolescents se sont suicidés dans son lycée : des suicides directement
liés à leur orientation sexuelle. C’est ce qui nous a poussé à créer une structure "la Pink pastorale" afin permettant de comprendre ces difficultés d’intégration dans la société rurale, leurs
causes, leurs effets et d'élaborer collectivement des pistes de réponses.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><b>Une normalisation en cours</b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">L’évolution des mentalités ne
se décrète pas. Il ne suffit pas de la désirer. Néanmoins l’expérience de la
Pink Pastorale a démontré qu’une évolution rapide des mentalités était possible
et même souhaitée par nos concitoyens. La discussion, l’échange et la
confrontation des opinions, mènent à une normalisation de l’homosexualité, au
sein de la communauté qui est attendue et même souhaitée. Elle mène à une
libération et à une ouverture d’esprit particulièrement visibles chez
les adolescents. </span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;">La réflexion menée avec les jeunes sur leur sexualité est sans complexes. Les 15-17 ans refusent la
stigmatisation. Leur sexualité et très intériorisée et
reste un jardin secret. Les 17-20 ans ont une approche plus extériorisée et
ressentent le besoin d’en parler. </span><span style="font-size: small;">Pour 90 %</span><span style="font-size: small;"> d'entre eux, l'orientation sexuelle est fixée sans trop d’hésitation. Les autres se
laissent le temps du choix mais ne se sentent pas obligés : la bisexualité
est devenue une normalité. Le <i>coming-out</i> leur semble une entrave à une vie sociale épanouie. La discrétion reste le
maitre mot compte tenu des risques de stigmatisation. Les 20 -35 ans vivent leur sexualité (homo-bi-hétéro) chez
eux à la campagne, au sein des universités qu'ils fréquentent ailleurs en ville et au travail. Ils la vivent le
plus souvent sans complexes avec une étonnante maturité et une analyse juste de
la société et de son fonctionnement. La fondation d’une famille homoparentale reste
un obstacle pour les homosexuels en milieu rural comme en ville. Ils ne sont
pas toujours prêts à franchir ce pas compte-tenu des risques de stigmatisation.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><b>Une association visible la Pink pastorale</b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">C'est sur la base de ces premiers constats qu'en mai 2006,
avec quelques amies, nous avons décidé de créer l’association Pink Pastorale, afin
de créer une visibilité de l’homosexualité en milieu rural. Très vite, un grand
nombre de sympathisants se sont ralliés à l'initiative. Nous étions six personnes à la
fondation et 160 adhérents dès juin 2006. Très vite on s’est aperçu qu’une
structure comme la nôtre n’était pas la bienvenue dans le paysage rural et
politique. En juin 2006 nous décidons du premier événement : un repas
champêtre à la campagne. Le maire nous donne l’autorisation mais dans le même
temps il écrit une lettre au Préfet, afin d’exprimer ses craintes sur un
rassemblement -je cite- qui vise à « <i>banaliser
des comportements qui ne sont que l’expression d’une maladie spirituelle </i>».
La réaction disproportionnée, reste encore ancrée dans nos mémoires. Le temps
n’est pas loin où une sexualité différente était encore considérée comme une
sexualité déviante. Il n’était pas rare de voir des jeunes traités chimiquement
par des psychologues voire internés pour les même raisons. La manifestation a finalement
eu lieu sous bonne garde des CRS dans une ambiance champêtre mais très tendue.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">Le premier
constat est accablant. On assiste à des suicides banalisés, d’adultes et
adolescents. Des traitements psychiatriques sont encore demandés par les
parents. Pour beaucoup de ruraux, l’homosexualité reste une maladie. Nous
prenons conscience que les mentalités qui s’expriment avec une telle véhémence
sont liées à un fonctionnement traditionnel et à une méconnaissance de l'autre. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><b>Une évolution perceptible des mentalités</b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">A l’été 2006,
le dialogue s’est installé au sein des familles entre parents et enfants, maris et
femmes et entre générations. Il est intéressant de noter que la
génération ayant vécu la seconde guerre mondiale était bien plus ouverte au dialogue et au
soutien que les suivantes. La génération des 30-40 ans avait davantage de mal
à intégrer cette nouvelle donne. A la fin de l'été, au niveau du village,
l’homosexualité était intégrée. Des <i>coming-out</i>
se sont faits de manière spontanée, et la vie a repris son cours.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">On a commencé à parler d’une sexualité différente, sujet
difficilement abordé jusque là. Le dialogue s'est également construit par l'intermédiaire de la presse et des media. Des soutiens inattendus nous sont parvenus du monde entier, notamment du Canada, mais aussi
du village, et plus particulier des anciens et des mères de familles. Depuis lors,
aucun acte homophobe n’est à déplorer dans la vallée, ni aucun suicide lié à la
sexualité. On constate même une forme de discrimination positive. Dans une même logique
de tolérance, les vieux bergers célibataires homosexuels ou non, sont mieux
logés, s’habillent bien et gagnent leur indépendance financière. Les logements
sont plus facilement loués aux couples homosexuels. Dans les années qui ont
suivi plusieurs couples homosexuels et homoparentaux se sont installés dans la vallée, mais
cela reste encore marginal.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><b>Des avancées et des demandes</b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">Depuis 2006,
l’association a privilégié l’accueil des jeunes, les contacts avec les parents,
les échanges avec d’autres villages. 70 % des membres sont hétérosexuels et la
mixité s’est naturellement imposée. Aujourd’hui nous comptons des membres dans
toute la France et au-delà en Europe. </span><span style="font-size: small;">Des demandes
nous parviennent de Corse et d’autres départements. La diaspora corse à
Marseille, espère pouvoir dupliquer notre expérience sur l’ile. </span><span style="font-size: small;">L'association Pink pastorale a développé des
activités dans différentes directions : interventions en milieu médical,
écoles d’infirmières ou à l’IUFM. Elle continue à privilégier les rencontres et
échanges conviviaux avec toute la population au-delà de la vallée.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;"><b>Des </b></span><span style="font-size: small;"><b>blocages qui persistent</b></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;">Au-delà de la vallée, des politiques
départementaux s’intéressent au projet, mais restent encore frileux. Les petites phrases de certains membres de l'exécutif départemental sont explicites : « <i>On n’a pas
besoin de ça, chez nous à la campagne » </i>affirme un député. <i>« L’homosexualité
n’existe pas dans nos campagnes</i> », <i>« Les déviances
sexuelles restent l’affaire de médecins"</i> insistent d'autres.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">A propos des démarches de prévention des suicides et MST dans les lycées que la Pink pastorale
souhaitait développer, nous avons malheureusement encore entendu les propos
suivants : <i>« Il est impensable
de faire de la prosélytisme homosexuel dans nos lycées » ; « Parler
d’homosexualité est la cautionner ».</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">De manière
assez paradoxale, même dans la communauté gay urbaine, la question de l’homosexualité
en milieu rural est peu ou pas prise en compte. A Paris lors d’une intervention
sur Pink TV, nous nous sommes entendus dire par la
direction intéressée : <i>« Si
c’est difficile d’être homo la campagne,
pourquoi vous ne venez pas vivre dans le marais ? ; « Il faut
être malade pour vivre à la campagne ».</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">Si dans
notre petite vallée de Haute-Provence, les mentalités ont beaucoup évolué il
n’en n’est pas toujours de même dans le reste de la région et du pays. Il est
intéressant de noter que l’évolution est venue de la population locale qui a su
changer de regard. L’expérience de la Pink pastorale est une démarche
quotidienne et modeste qui a permis de faire bouger les lignes.</span></div>
<div align="center" class="MsoTitle" style="border: medium none; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: left;">
<span style="font-size: small;">(*) Extrait d'une communication au Colloque International Masculins / Féminins</span><span style="font-size: small;">, Grenoble, 10-12
décembre 2012</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 15pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: small;">Contact :
</span><span style="font-size: small;"><a href="mailto:Ronald.grootaers@gmail.com" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="color: windowtext;">Ronald.grootaers@gmail.com</span></a></span></div>
</div>
gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-92028535740093610212012-12-12T21:36:00.001+01:002011-02-27T17:06:44.653+01:00Editorial<div align="justify">Dérives et des rêves </div><div align="justify"><br /><br /><em><span style="font-size:85%;">« J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé.<br />C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »</span></em><br /><span style="font-size:85%;">Alfred De Musset<br /><br /></span><br />Hors là, hors de soi, hors normes, hors limites, hors champs et hors les murs…<br />Jamais hors sol.<br />Les pieds sur terre. Naturellement.<br /><br />S’en aller au-devant de soi, loin des certitudes et des faux semblants.<br />Partir sans craintes se frotter au monde et aux autres.<br />Savoir dire au revoir avec dignité, sans aigreurs, ni regrets.<br />Progresser en toute confiance.<br />Apprendre à dire non aux ors d’autres palais.<br />S’alléger encore.<br /><br />Emprunter les chemins de traverses.<br />Oser les échappées belles, loin des routes balisées.<br />Changer de regard.<br />Avec lucidité fuir le confort et les ornières des quotidiens.<br />Chercher l’ailleurs ici et goûter l’inverse.<br /><br />Se décaler, faire un pas de côté pour repérer l'essentiel.<br />Infiltrer les cœurs mais savoir explorer les marges et les entre deux.<br />S’insérer dans les interstices pour découvrir l’autre côté des miroirs.<br /><br />Aimer les hautes marées et les fureurs du monde.<br />Avec courage, affronter les tempêtes.<br />Savoir apprécier la mer qui se retire.<br />Découvrir sur la plage la beauté et la justesse des choses et des êtres échoués...<br /><br />Loin des recettes et des certitudes, se laisser faire.<br />Apprendre à lâcher prise.<br />Donner la chance aux hasards. </div><div align="justify">Se tenir prêt à recevoir l’inattendu.<br />Affronter les déserts mais adorer les rencontres.<br />Se laisser désorienter au risque de se perdre.<br />Accepter les flous et les fractales.<br />Chercher son chemin dans les labyrinthes de la complexité.<br /><br />Rester droit et fier.<br />Savoir pourtant braconner.</div><div align="justify">Ruser pour débusquer. </div><div align="justify"> </div><div align="justify"></div><div align="justify">Toujours prendre des risques au-delà des conventions.<br />Franchir les barrières et dépasser les bornes.<br />Ne pas sacrifier sa passion à la horde des apparences.<br />Casser la glace et forer plus profond.<br />Chercher plus loin encore.<br /><br />Ne jamais préjuger, préférer s’immerger.<br />Fuir les cadavres statistiques et les glaciales expertises.<br />Préférer le sensible et le mouvement.<br /><br />Eprouver les résistances et se cogner au réel.<br />S’immerger.<br />Plonger tout entier dans les images, les sons, les odeurs et les rugosités des territoires.<br />Goûter la douceur ou l’âpreté des saisons.<br />Explorer les nuits pour mieux saisir les jours.<br />Appréhender les périphéries pour comprendre les centres.<br /><br />Se méfier des nostalgies.<br />Loin des fausses urgences, veiller à épaissir le présent.<br />Refuser l’empire des pessimismes et l’enfermement des localismes. </div><div align="justify">Explorer avec bonheur les futuribles.<br /><br />Partir à la rencontre de l’altérité pour découvrir les profondeurs de l’âme et des caractères.<br />Mélanger, mixer et hybrider les regards et les pratiques.<br />Construire des ponts entre l’ici et l’ailleurs, entre soi et les autres. </div><div align="justify"></div><div align="justify"></div><div align="justify">Goûter les débats.<br />Assumer les écarts et les contradictions.<br />Mais prendre position et apprendre à dire non.<br />Assumer le « devoir de cité ».<br />Défendre le droit de « Cité ». </div><div align="justify"><br /><div align="justify">Cultiver la curiosité et le goût des autres.</div>Tenter de transmettre avec bonheur.<br />Montrer les affres et les plaisirs des existences.</div><div align="justify"><br />Carnets d’étonnement</div><div align="justify">Franchir les barrières, arpenter les rivages et frôler les lisières.</div><div align="justify">S'engager sur ces autres chemins. </div><div align="justify">Entre dérive et des rêves.</div><div align="justify">Savourer enfin les poussières de l'estran.<br /><br /><br />Luc Gwiazdzinski<br />Gilles Rabin</div>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-51775962659284247922012-05-18T10:06:00.003+02:002013-01-06T11:08:00.467+01:00Les organisations et les territoires à l'épreuve de l'hybridation, par Luc Gwiazdzinski<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<b>Les organisations et les territoires à l'épreuve de l'hybridation</b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<b>par Luc Gwiazdzinski</b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
On assiste à un éclatement des
temps sociaux, des te<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; font-size: small;">rritoires de vie et des mobilités. Les statuts changent,
les échelles et les frontières deviennent plus floues. L’irruption des TIC
brouille les rapports entre l’espace et le temps, l’ici et l’ailleurs, le réel
et le virtuel, l’individu et les communautés. L’effacement progressif de
l’unité de temps, de lieu et d’action des institutions oblige à de nouveaux
assemblages. Le « big-bang » des organisations et des territoires entraîne de
nouvelles recompositions et nécessite d’autres alliages, alliances ou
coalitions.</span><br />
<br />
Métissage, multi-appartenance, hybridation des espaces, des temps et des
pratiques deviennent des figures courantes du monde contemporain. L’individu
devient « polytopique » et les nouveaux espaces qu’il produit définissent de
nouvelles hétérotopies qui hébergent d’autres imaginaires. Les frontières entre
temps de travail et temps de loisirs s’effacent. Les métiers uniques laissent
la place à des « portefeuilles d'activités ». Le temps du voyage devient
parfois un temps de travail (et vice versa). L’appartement se fait hôtel, la
ville se transforme en station touristique, alors que la station s’urbanise. On
distingue de moins en moins la résidence secondaire de l’habitation principale.
Les campings sont habités à l’année et pour quelques heures certains musées
deviennent bibliothèques. A Paris, en été, la voie sur berges se transforme en
plage alors qu’en hiver la place de la mairie accueille une patinoire. Sur les
marges, les délaissés urbains produits par la ville postmoderne sont investis
par les exclus qui font mentir l’hypothèse des « non-lieux ». Face à la
fonctionnalité et à la spécialisation stérilisante des espaces et des temps,
des « tiers lieux » et des « tiers temps » émergent qui réinventent la fonction
même des territoires comme lieu de maximisation des interactions, lieu de
croisements et de frottements : cafés transformés en bibliothèques, laveries
automatiques métamorphosées en café, pépinières associant entrepreneurs et
artistes mais aussi toitures transformées en jardins, écomusées ou parcs
d’attractions habités, etc. Les nuits urbaines deviennent des jours ou des «
non-jours ». Les statuts des individus en mouvement se brouillent en termes de
nationalités, d'identités, d'appartenances et de fonctions. Les
frontières entre homme et animal vacillent au point que l'on parle désormais de
« droit » pour les seconds. Les prothèses techniques qui nous aident à vivre
pénètrent nos corps, faisant surgir la figure du cyborg. Avec l’informatique
ubiquitaire, les objets qui remettent constamment à jour leur localisation dans
le temps et l’espace, deviennent des produits et services hybrides, des
assemblages chimériques combinant des éléments stables et instables. De
nouvelles coalitions territoriales multi-scalaires s'inventent à la frontière
ou dans l’entre-deux. <b>Des hybrides territoriaux émergent </b>autour de
politiques publiques inter-territoriales capables de combiner plusieurs
objectifs du développement durable et de répondre à des besoins collectifs
jusqu’ici indépendants.<br />
<br />
Dans cette société complexe, <b>la tendance est aux alliances et aux
collaborations</b> (co-opération, co-conception, co-développement,
co-habitation, co-voiturage mais aussi inter et trans-disciplinarité…) qui font
émerger des méthodes, des objets, des pratiques et des identités nouvelles. En
ce sens, l’inter-culturalité devient une obligation et une nouvelle posture.<br />
<br />
<b>Le territoire est au cœur de ces recompositions et hybridations qui
convoquent le sensible et l’éphémère.</b> De nouvelles figures émergent, de
nouvelles scènes et de nouvelles modalités de coopération apparaissent à
différentes échelles et selon des modalités plurielles. Pour répondre aux
enjeux, des croisements s’opèrent, des hybridations deviennent possibles. Des
artistes se rêvent urbanistes alors que des urbanistes en appellent au sensible
et à la créativité. La ville « s’ensauvage » et la nature s’urbanise. De
nouvelles questions se posent qui concernent les territoires, les
organisations, les pratiques, les individus et les groupes. La complexité des
situations, l’imbrication des échelles, la multitude des acteurs concernés nous
obligent à changer de regard pour répondre aux défis, imaginer et construire
ensemble les modes de vie et les formes de la société de demain dans et par de
nouveaux territoires.<br />
<br />
<b>Ces mutations qui bouleversent nos habitudes nous invitent à imaginer
d’autres formes d’intelligence collective pour observer et comprendre les
mutations, analyser les hybrides sociétaux et territoriaux qui émergent et
construire de nouveaux modes de collaborations pour la recherche et pour la
fabrique des territoires.</b> Nous pensons ouverts et féconds les chemins de
l’hybridation aux frontières de la recherche et des pratiques professionnelles,
des sciences du territoire et des autres disciplines.<br />
<br />
<b>Hybridation, croisement, mixage, métissage, inter-relations (…) Comment dire
et analyser le composite ? Quelles sont les significations dans la pensée et la
pratique scientifique ? L'émergence de ce concept dans le champ des sciences du
territoire (donc de la géographie, de l’urbanisme, de l’aménagement, de
l’histoire, de l’architecture, de l’anthropologie et de nombreuses autres
sciences sociales, …) traduit la nécessité de penser les articulations, les
relations et les imbrications entre objets scientifiques (territoire/réseau,
inter-territorialité, entre-deux...). Elle permet de revisiter ces objets aussi
bien que les pratiques et les principes de catégorisation.<br />
<br />
Dans le cadre d’une approche interdisciplinaire, les sciences du territoire ont
besoin de s’approprier la richesse d’un concept, de réfléchir aux conséquences
épistémologiques, de confronter les approches et les modes de construction de
ces objets hybrides, de mesurer leur intérêt et de discuter de leur pertinence.<br />
<br />
Qu’est-ce qu’un hybride ? Quelles sont les hybridations à l’œuvre ? Peut-on
parler d’hybridité ? Quel intérêt du concept pour les sciences du territoire ?
Comment s’en saisir ?</b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-weight: bold;">Luc Gwiazdzinski, </span><span style="font-weight: bold;">Responsable scientifique</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-weight: bold;">Colloque TTT3, "Les organisations et les territoires à l'épreuve de l'hybridation"</span><br />
<span style="font-weight: bold;"> </span><a href="http://ttt3-grenoble.sciencesconf.org/"><cite><b>ttt3</b>-grenoble.sciencesconf.org</cite></a></div>
</div>
gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-44209362249071448012012-05-05T23:01:00.001+02:002012-05-05T23:41:47.747+02:00PUBLICATION. Bernard Soulage, Louis Nègre, Gilles Rabin, Quel rail après 2012 ? 2012, Editions de l'Aube<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
Dans le cadre d’un
débat conçu et animé par Gilles Rabin, Louis Nègre Sénateur-Maire UMP de
Cagnes-sur-Mer, co-Président de TDIE, publie un essai avec Bernard
Soulage, Président des Villes et Régions européennes de la Grande
Vitesse, Vice-président de la région Rhône-Alpes et Secrétaire National
du Parti Socialiste en charge de Transports. L’ouvrage intitulé <i>Quel rail après 2012 ?</i> est paru aux éditions de l’Aube.
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Dans ce recueil
d’entretiens, Bernard Soulage et Louis Nègre, deux responsables
politiques et présidents d’associations spécialisés dans les questions
de transports livrent leurs visions et expériences du système
ferroviaire français.</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
A l’heure où
ce-dernier est confronté à de nouveaux enjeux et questionnements tels
que la libéralisation des marchés, la viabilité du modèle économique du
TGV, le financement des lignes et des infrastructures, il est impératif
de le repenser et de l’adapter aux exigences politiques, économiques et
écologiques qui sont celles du XXIème siècle. Du lancement de la
première ligne TGV, à l’ouverture des marchés à la concurrence en
passant par la place des gares, le rôle des collectivités, de l’Etat,
etc. les auteurs apportent une vision nuancée souvent convergente,
parfois divergente, et présentent leurs projets pour améliorer les
performances du système ferroviaire français.</div>
</div>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-16083916055263338922012-01-25T14:45:00.002+01:002012-01-25T14:47:25.283+01:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
News, publication sur les transports de Gilles Rabin...<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHLdBMopr9KOlxq-WUWN4sZYdzMIgF3evBVsmIL6eA-scvUpOLBpepe8OEBv1xWT9FdXjSrCp1hh2YcX70zUn0voqSaUN_UWViRjwXBxGuieigmFjsv1BGzFpei7HaosHrCipB_kQ6FufW/s1600/Pour+le+transport+ferroviaire.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="219" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHLdBMopr9KOlxq-WUWN4sZYdzMIgF3evBVsmIL6eA-scvUpOLBpepe8OEBv1xWT9FdXjSrCp1hh2YcX70zUn0voqSaUN_UWViRjwXBxGuieigmFjsv1BGzFpei7HaosHrCipB_kQ6FufW/s320/Pour+le+transport+ferroviaire.jpg" width="320" /></a></div>
<br />
<br /></div>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-39121660966075274762011-12-24T18:12:00.002+01:002012-05-05T20:32:05.879+02:00Françallemagne.La fusion comme réponse à la crise<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="background-color: #cccccc; font-family: Verdana,sans-serif; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><b><span style="color: #2a2a2a;">Par Gilles Rabin et
Luc Gwiazdzinski</span></b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;">La crise économique du temps long née
avec le choc</span><span style="color: #2a2a2a;"> pétrolier de 1973 ne pourra se
résoudre par l’économétrie du court terme mais par une nouvelle philosophie, un
nouveau souffle politique s’inscrivant dans le long terme.</span><span style="color: #2a2a2a;"></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;">Depuis les années 1870 avec les Lois
sociales de Bismark, l'Europe continentale est entrée dans l'aire de l'
Etat providence protégeant les plus faibles et annihilant les plus
ambitieux, un Etat conservateur freinant les revendications salariales en les
précédant, un </span><span style="color: #2a2a2a;">Etat providence dont les premières
fissures sont dues aux duettistes Thatcher –Reegan, n’hésitant pas à mettre en
prison ou à laisser mourir de faim des mineurs du black Country. Le capitalisme
monétarisé devait passer avec son cortège de réduction d’impôt et d’Etat léger.
Qu’importait alors le cout social. Ainsi dans l'Angleterre d'aujourd'hui un
infarctus sur la voix publique n'est-il plus traité si la personne a dépassé un
certain âge. Le coût social détermine l’espérance de vie.</span><span style="color: #2a2a2a;"></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;"><br />
De l'autre côté de l'Atlantique, l'idée est plutôt "we gamble and we
hope" (« nous parions et nous espérons ») avec le moins
d'impôts possibles pour payer le gouvernement et ces "fainéants de
fonctionnaires fédéraux" planqués </span><span style="color: #2a2a2a;">à Washington. Pas de
pitié pour le voisin nécessiteux: il a parié, il a perdu. Mais cet Etat
léger s'est auto proclamé gendarme du monde et s'est alourdi de
charges de centralité avec des dépenses militaires inimaginables dans
l'histoire de l'humanité, à la fois moteur économique via le Ministère de la
défense irriguant la pseudo technopole de la Silicon Valley mais surtout moteur
à déficit financé par l’épargnant chinois. </span><span style="color: #2a2a2a;"></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;">Quant à la Chine, elle démontre par
l’absurde l’erreur que les tenants du
libéralisme voulaient nous faire croire. Le Capitalisme ne rime pas avec
démocratie. Mieux, il prospère avec la dictature, ce que les Russes ont compris
sous Poutine. </span><span style="color: #2a2a2a;"></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;"><br />
Le modèle de pensée est donc mort et enterré du côté de l’Acropole. Cela
a commence par les" tricheurs du fond de la classe" qui ont cru comme
l'Irlande se développer en faisant du dumping fiscal, attirant des entreprises
au dépend du reste de l’Europe d'un côté et récupérant de l'argent de l'UE de
l'autre pour construire de belles infrastructures, ou ceux moins malins comme
les grecs qui ne voyaient pas pourquoi il fallait payer des impôts. Le dragon
celte et le Grec « Club Med » paient aujourd'hui "cash"
leurs visions à court terme.<br />
Cela va finir par les Allemands qui ont déjà compris depuis la réunification,
qu'ils ne seront jamais aussi riches que dans les années 80, et qui jouent des
espaces de prospérité et des Hard discounter pour la nourriture de tous
les jours.<br />
<br />
Donc si l'Etat protecteur est mort, "L'Europe m'a tuer", à l’exemple
du père de Madame Aubry sacrifiant la régulation étatique aux forces du marché
et promettant des paysages fleuris. L’Europe a cru en la religion de la
dérégulation, entrainant la nécessaire privatisation des services publics.
L’Europe s’est transformée selon la volonté britanniques en un grand marché où
circulent marchandises et hommes mais sans vision politique, où les décisions
sont prises à l’unanimité même qualifiée. Il fallait agrandir le marché dans
une course vaine à la taille, là où la Chine, l’Inde voire les USA seront
toujours plus grand. Il ne reste plus
alors dans une Europe sans frontière et sans idée que le chacun pour soi et la
religion à l'américaine pour maintenir un semblant de cohésion sociale :
"we gamble and we pary" (nous parions et nous prions) comme
disent les nouveaux pauvres américains qui ont tant perdu à ce jeu où l’argent
semblait facile et sans danger.</span><span style="color: #2a2a2a;"></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;">Faut il encore accélérer cette
accélération, jouer la vitesse des ordinateurs où dorment des logiciels
construit sur des algorithmes d’anticipation à la baisse, oublier l’Etat,
oublier les frontières, grandir encore et se noyer dans le Bosphore ?.
Quoi faire face a la catastrophe annoncée ?<br />
<br />
Souvenons-nous de la </span><span style="color: #2a2a2a;">mi- juin 1940, quand Churchill proposa
un pari fou à l'envoyé spécial du gouvernement français un certain Charles De
Gaulle : la fusion de la Grande Bretagne et de la France. A Bordeaux,
Pétain prit le pouvoir et on oublia.</span><span style="color: #2a2a2a;"></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;">Et si aujourd'hui l'Allemagne et la
France tentaient cette aventure sur un projet politique. S’ouvrirait alors une
autre ère européenne, une ambitieuse économie alliant industrie et innovation.
Un nouvel Etat bi-national, centre de gravité d’une Europe redéssinée. L’Europe
se construirait un îlot de stabilité. Comme de la création des Etats Unis, les
Etats signeraient un contrat de gouvernement, politique, économique et
philosophique ouvert. La crise nous pousse à converger ! C est une sortie
possible par le haut. La seule.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;">L’Allemagne et la France sont nés d’un
même berceau, partage le même paysage, développe une industrie puissante autour
de l’innovation et d’Universités centenaires. L’Allemagne est le premier client
de la France, et la France le premier client de l’Allemagne. La France est
forte de ces champions nationaux comme Alstom, Sanofi… et l’Allemagne de ses
PME exportatrices. L’Allemagne nous ressemble dans son analyse politique et
notre histoire commune de l’après guerre et la construction de ses élites. Le
fédéralisme allemand ne contredit pas un Etat fort, et nos régions françaises
ont besoin d’un espace de liberté. Un rapprochement serait alors vertueux</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;">La France se compare à l’Allemagne dans
sa stabilité et sa rigueur ; l’Allemagne se mire dans la France et son
génie. Mariage de passion, la fusion, le contrat de gouvernement unique franco
allemand changerait la donne en Europe.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;">La bateau ivre
s’arrimerait et les marchés verraient alors dans cette nouvelle donne
l’émergence d’un gouvernement économique impossible à 27 ou même à 12. Ce ne sera
plus "sauve qui peut" mais une étape vers un noyau dur européen enfin
stable. Car quand la Grèce fera défaut suivi des autres pays méditerranéens, il
faudra bien payer, au pire en nationalisant nos Banques pour éviter leurs
faillites. </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="background: rgb(204, 204, 204); font-family: Verdana,sans-serif; line-height: normal; margin-bottom: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="color: #2a2a2a;">Au commencement était le rapprochement
franco-allemand au sortir d’une guerre commencé en 1914 et terminée en 1945. Il
devient nécessaire de construire l’Europe sur l’Europe comme on construit la
ville durable sur la Ville. Ce mariage, cette fusion n’est pas exclusive mais
constitutive d’un nouveau souffle, d’un ancrage à jamais affirmé. Le choix est
à la dérive et à la déchéance ou à l’ambition et à la construction. L’Allemagne
et la France en ne faisant qu’un redonnerait à l’Europe une raison d’espérer.</span></span></div>
</div>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-13639519941309617082011-03-08T12:33:00.001+01:002011-12-24T18:20:39.266+01:00Violences urbaines : repenser la ville<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: center;">
<span style="font-size: small;">par Luc GWIAZDZINSKI, </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: center;">
<span style="font-size: small;">Edité par </span><span style="font-size: small;">Le Monde, 4 janvier 2001</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">Une fois de plus, Strasbourg se réveille avec la gueule de bois, étourdie par le décompte médiatique des voitures incendiées dans la nuit de Nouvel An. Pêle-mêle au banc des accusés: l'Etat, les politiques, les</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">parents, les jeunes, les médias...Avant de sombrer une nouvelle fois dans les réponses convenues de la dictature de l'urgence, le discours sécuritaire ou les effets d'annonce sans lendemain, il est indispensable</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">de prendre du recul pour s'inscrire dans une réflexion à long terme sur la ville. La ville est devenue un territoire complexe qui doit nous obliger à abandonner une dialectique centre-périphérie, dominant-dominé, pour une approche polycentrique. Cessons de parler des quartiers comme de lointains territoires, là-bas, quelque part. En évoquant la police, par exemple, on dit souvent qu'« elle n'y va plus », comme s'il s'agissait de zones extraterritoriales. Ces quartiers font partie de la ville et leurs habitants sont membres de la cité. C'est à nos institutions d'évoluer en s'appuyant sur le principe d'égalité urbaine. Au-delà de la « démocratie participative », il faut accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales et permettre à chaque quartier ou arrondissement d'élire son maire. C'est sur les marges de nos agglomérations que s'exercent les pressions. C'est là également que se réinvente la ville de demain.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">Les banlieues crient au secours et depuis des années nous leur répondons par des mesures gadgets en multipliant les « confettis », ces zones d'exception mal dimensionnées dont les derniers avatars sont les zones tranches. Leurs habitants réclament la mobilité sociale et spatiale et nous les condamnons à des réponses en termes de proximité, comme pour mieux les enfermer. Strasbourg avait obtenu le classement d'un de ces quartiers en zone tranche destinée à encourager le développement économique : 23 hectares de logements sociaux, cimetière compris. Quelle que soit la mobilisation des acteurs locaux, le développement sera toujours limité. Les millions de francs récemment médiatisés pour le grand projet de ville (GPV) ne suffiront pas plus, surtout si les habitants ne sont pas associés. En multipliant les processus dérogatoires, qui pointent les secteurs difficiles, on participe galement à leur marginalisation, dressant des murs infranchissables entre « ceux du dedans» et « ceux du dehors ». Qui peut rêver de s'installer dans une ZEP ou une zone tranche? La stratégie de ceux qui ont le choix consiste à contourner la carte scolaire. A travers ce processus, c'est l'encadrement naturel du quartier et sa mixité qui sont remis en question. Pour les gens qui y habitent déjà, l'adresse .est devenue un handicap supplémentaire dans la recherche d'un emploi. C'est à l'échelle de secteurs plus vastes que doivent s'élaborer des programmes de développement. On ne peut sortir le quartier du quartier qu'en réinventant la ville. En matière de lutte contre la délinquance nos élus regardent vers les Etats-Unis où de nombreuses villes ont radicalisé leur politique de répression à travers le principe de la « tolérance zéro» : renforcement des effectifs policiers, pénalisation des délits mais aussi développement des polices privées et prisons surchargées. A New York, les moyens mis en oeuvre sont importants et l'évolution a été spectaculaire, au moins à Manhattan. Il est cependant abusif d'attribuer cette amélioration à la seule politique répressive. Le redécollage économique a eu un impact évident. N'oublions pas que la délinquance, le taux de criminalité et le nombre d'homicides restent bien plus élevés qu'en France. Nous pouvons dépasser cette approche essentiellement répressive pour nous intéresser aux stratégies élaborées chez nos amis anglais. Là-bas, des partenariats régionaux, les safety communities, associent les organes publics, bénévoles ou privés, les autorités éducatives et les citoyens qui travaillent en étroite collaboration avec les autorités locales et la police pour combattre la criminalité et favoriser la création d'un cadre de vie plus sûr. La mobilisation sur une base locale de l'ensemble de la société civile autour d'un projet visant à la reconquête de la qualité de vie s'appuie notamment sur un travail d'information des citoyens en amont</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">et un suivi des victimes qui n'ont pas d'équivalent en France. Outre-Manche, les policiers non armés sont présents dans les quartiers vingt-quatre heures sur vingt-quatre et travaillent en 3x8. Ils disposent d'informations statistiques précises quasiment en continu sur la délinquance, la localisation et l'heure des délits, qui permettent de modifier rapidement leur stratégie. Les excellents rapports que ces policiers entretiennent avec la population sont encore difficilement imaginables chez nous. Leur valorisation dépend avant tout du degré de satisfaction des citoyens. La confiance et l'efficacité sont à ce prix. Partout les seules réponses en termes de multiplication des effectifs policiers, de caméras de surveillance ou même de couvre-feu sélectif ont montré leurs limites. La délinquance et la peur se développent dans les endroits et les moments où la ville est amputée d'une partie de ses activités. Il faut mettre en place les conditions d'un encadrement social naturel partout et en permanence. A Strasbourg comme ailleurs, nous devons inventer un nouveau projet de ville privilégiant la présence humaine dans tous les quartiers notamment en soirée, au moment où les tensions sont les plus fortes: encourager l'ouverture des commerces en soirée ; maintenir ouverts plus tardivement certains services publics, installer partout des bureaux de police (municipale et nationale) ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre; développer les activités de soirée dans les centres sportifs et socioculturels ; mettre en place un réseau de bus de nuit qui contribue à cette sécurisation et enfin, étendre l'expérience des « correspondants de nuit» à toute la ville.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">Avec l'Etat, les collectivités sont concernées par cette mobilisation en faveur de la sûreté et pour la reconquête de la qualité de la vie partout et pour tous. Pourtant, l'action collective ne peut aboutir sans engagement citoyen. C'est à chacun d'entre nous de réagir face à la montée de l'indifférence et de la violence. Sans cette prise de conscience individuelle, les tensions entre individus et quartier seront exacerbées et sur l'échelle des violences urbaines tous les niveaux seront franchis. On ne peut accepter la mise en place dans nos cités d'une « société de développement séparé» avec des habitants et des quartiers se tournant définitivement le dos. Nous devons faire le choix de la solidarité et de la cohésion urbaine contre la relégation et le désir de « sécession ». On ne peut laisser se dégrader la situation et faire reposer nos seuls espoirs sur les professionnels de la médiation, promus en quelques années au rang de force de dialogue et d'interposition, casques bleus du nouvel archipel urbain. Le plein exercice de la citoyenneté est un bon rempart face à la violence, le seul peut-être.</span></div>
</div>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-21270301530648412532011-03-03T23:20:00.006+01:002011-03-05T07:38:42.312+01:00Les joyaux de la petite reine<h1 style="font-weight: normal; text-align: justify;"><span style="font-size:85%;">Par <strong></strong><strong>Gwiazdzinski Luc</strong> et <strong>Marzloff Bruno</strong><strong>,</strong></span></h1><div style="text-align: justify;">Publié dans Libération, édition du 21 mars 2007<br /><br /> </div><p style="text-align: justify;" class="clear marginAuteur authors"> </p><div style="text-align: justify;"> </div><div class="articleContent"><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Le contrat signé entre la mairie de Paris et l'entreprise JCDecaux sur le déploiement d'un parc de vélos dans la capitale nous oblige à réfléchir les futurs urbains dans le cadre d'une nouvelle trame de mobilités quotidiennes. Plutôt que de parler de <i>«dommages collatéraux»,</i> envisageons plutôt les <i>«vertus collatérales»</i> de l'introduction d'un tel dispositif pour le système urbain et pour les citadins.</p><p style="text-align: justify;">A quoi ressemblera une cité de plus de 2 millions d'habitants avec 20 000 vélos publics et 200 000 déplacements quotidiens ajoutés à ceux qui existent déjà ? A quoi ressemblera un système de transport urbain qui maillera tous les modes possibles ? Le projet contraint à élargir la question des déplacements à vélo à l'ensemble du système de mobilité. A Paris, 1 500 stations vélo s'ajouteront aux 250 stations de métro et aux 2 500 stations de bus. Comment l'usager, citadin, touriste ou visiteur naviguera-t-il dans cette ville ? Comment fera-t-il pour surfer sur les réseaux ? Paradoxal système ! Plus il existe de modes de transport, de combinaisons et de choix possibles, plus les déplacements deviennent efficaces et... complexes. Pour être fluide et ergonomique pour ses usagers, un système de mobilité doit assurer cinq continuités : modale, géographique, temporelle, tarifaire et informationnelle. Une telle contrainte nécessite la mise en place de centrales de mobilité pour renseigner les horaires, les disponibilités, les connexions, les perturbations et les ressources de la ville. Il nous faut inventer un «Google» de la ville. L'information, c'est déjà la moitié du déplacement. C'est l'intelligence des mobilités.</p><p style="text-align: justify;">A quoi ressemblera une agglomération qui généralisera son parc public de vélos ? Quand les cités voisines de Paris, les périphéries, se mettront-elles au vélo ? Chacune ira-t-elle avec son propre système ? Ce choix s'opposerait alors à la nécessaire articulation des mobilités et à la porosité recherchée entre les cités. La question n'a pas encore été posée.</p><p style="text-align: justify;">A quoi ressemblera la rue sa chaussée, ses couloirs, ses passages et ses trottoirs avec 350 000 déplacements par jour ? Les stations vélo empiéteront sur la place de la voiture, leur circulation également. Le cycliste revendique en même temps la chaussée des voitures, les voies réservées et le trottoir. Alors, faut-il séparer, ou relier ces flux aux rythmes divers ?</p><p style="text-align: justify;">A quoi ressembleront les 500 000 abonnés du vélo parisien ? <i>«Un cycliste aujourd'hui, </i>selon un policier cité par la revue <i>Ville & Transports, c'est un automobiliste en pire.»</i> Des années de tolérance ont laissé ouvert à certains le champ de l'incivilité. Une réflexion s'impose sur la coexistence des modes et les partages de l'espace collectif pour de civiles et urbaines cohabitations. Le code de la rue est une première réponse. La civilité passe d'abord par une intelligence, un respect et une pondération des vitesses. Le piéton donne le ton. La lenteur retrouve ses droits. N'oublions pas que, pour tous, la marche en ville reste le mode dominant.</p><p style="text-align: justify;">A quoi ressemblera une ville où les vélos fleurissent ? Le succès populaire du Vélo'v lyonnais séduit ! Les appels d'offres de parcs à vélos des grandes villes se déclineront bientôt à chaque niveau de l'armature urbaine. Les parkings, les gares, les hôtels s'y mettent déjà ; la RATP, la SNCF et les autres transporteurs routiers y travaillent. Avec ou sans plan de déplacement, les entreprises lorgnent sur cette solution innovante pour leurs salariés. Bref, les initiatives fleurissent de partout et la demande suit. Si le vélo n'est pas une alternative à la voiture, sa combinaison avec les autres modes renforce la conviction qu'il est possible de vivre à Paris et dans les autres métropoles sans sa voiture. Nous passerons d'un véhicule personnel qui peine à se frayer un chemin dans la ville à un véhicule individuel public fluide. De Helsinki à Lyon, le vélo public et massifié est une chance pour la cité. Les bénéfices gain de place, économie de moyens motorisés, exercice physique, fluidité des parcours, moindre pollution, etc. atteindront des seuils à mettre à l'actif de la <i>«ville durable».</i> Les enquêtes menées à Lyon soulignent aussi la sympathie des citadins pour cette offre nouvelle et les nouvelles sociabilités qu'elle suscite. Sans verser dans un angélisme béat, admettons qu'une alchimie bienvenue s'installe enfin dans notre vieux pays. A travers le vélo urbain collectif, la petite reine apporte des réponses légères mais convaincantes à l'encombrement urbain et améliore la qualité de vie des usagers au quotidien. Le vélo, dans cette formulation inédite, nous invite à une révolution qui le dépasse. Nouvelle donne : sortons enfin la tête du guidon. En route ! </p> </div>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-52044089213704899112011-03-03T23:11:00.002+01:002011-03-03T23:13:32.256+01:00Tenter le métissage<span style="font-weight: bold;">Par Gwiazdzinski Luc<br />publié dans La Croix, Edition du 8 janvier 2010<br /><br /></span> <p>Impossible de partir à l'aventure comme ces explorateurs qui, dès le XIIIe siècle, ont bravé le danger et l'inconnu pour baliser la planète. Le monde est borné. Dont acte ! La cartographie systématique de l'étendue terrestre ne signifie pourtant pas que nous avons une connaissance intime de l'ensemble du territoire. Les terroristes réfugiés au fond des grottes, les fugitifs qui errent dans les maquis prouvent que la terre offre encore bien des refuges. On peut zoomer ! En ce début de XXIe siècle, il reste même quelques points du globe inexplorés, non encore foulés par l'homme, forêts impénétrables, sommets lointains, grottes inaccessibles ou profondeurs marines, derniers îlots en sursis dans la mise en réseaux généralisée de la planète. On pense à des hauteurs du Chili, solitudes glacées du pôle Nord ou du pôle Sud, régions isolées de l'Himalaya, montagnes de Guinée ou de Kalimantan, forêts d'Amazonie ou du bassin du Congo, ou à quelques zones isolées du Venezuela. Peaux de chagrin, derniers îlots d'une géographie d'archipel, étrange fractale dont on explore les plis et les replis. </p> <p>Il resterait bien quelques groupes humains isolés sans contact avec l'extérieur, réfugiés dans les derniers massifs forestiers épargnés d'Amazonie ou de Nouvelle-Guinée. Oubliés de l'histoire dans un repli de l'espace-temps. De loin en loin, on nous annonce encore la découverte d'une de ces tribus inconnues. Impossible rencontre dont chacun espère sans doute tirer profit dans son groupe respectif. Si l'explorateur saura monnayer ses images, quel profit l'autochtone pourra-t-il en tirer ? On a déjà visionné le film des dizaines de fois. Comme si l'histoire avait un sens, une pente. On connaît la suite : l'impossible décalage, l'arrivée des maladies, de l'argent, les nouveaux besoins et les nouvelles dépendances. Mais faut-il pour autant empêcher l'inévitable, préserver l'inaccessible, empêcher nos semblables d'accéder à un autre bien-être ? Claude Lévi-Strauss savait bien que son travail au cœur de l'Amazonie brésilienne à la rencontre de tribus « primitives » pendant les années 1950 serait impossible aujourd'hui, tant la situation avait évolué. Que sont devenus les Bororo, les M'Baya, les Nambikwara et autres Tupi-Kawahib rencontrés et étudiés ? Disparus, décimés par les maladies ? L'avidité des hommes, la recherche des bois précieux, d'or ou de pétrole font davantage de mal que les explorateurs décriés. La forêt remplacée par une fragile prairie pour l'élevage, les excavations et les traînées de mercure mortelles des exploitations aurifères, les routes d'exploration forestières qui pénètrent jusqu'au plus profond des massifs forestiers, les barrages qui fabriquent des autoroutes aquatiques sonnent le glas des environnements dont dépendent directement ces hommes et ces femmes. </p> <p>Ne faut-il pas tenter d'accompagner sans altérer, tenter le métissage des cultures dans le respect ? Des mots, sans doute. C'est vers la protection de ces milieux que doit s'orienter une politique cohérente. Nous n'empêcherons plus les contacts, tant les derniers secteurs sont désormais pénétrés, géographiquement éclatés et envahis. Préservons les territoires inconnus sans en faire des îlots séparés dans un environnement livré au pillage. Évitons qu'ils ne disparaissent avant même que l'on connaisse leur richesse. Le développement durable dont on se gargarise vaut aussi pour ces populations et ces milieux. La France, qui donne tant de leçons au monde, devrait offrir à l'humanité la forêt guyanaise comme réserve intégrale de la bio sphère. La mondialisation sonne le glas des confins, abolissant les distances et repoussant toujours plus loin les limites. Le monde est clos ou presque. C'est une question d'années, de mois peut-être, mais d'autres voies, d'autres frontières sont ouvertes. Sur terre mais aussi sous l'eau, il reste encore à découvrir les fonds marins, ces abysses d'où l'on remonte désormais des images incroyables de poissons et animaux monstrueux, et que les filets des pêcheurs commencent à racler. Il suffit qu'un calamar géant surgisse de ces fosses marines pour que nos imaginations s'enflamment, retrouvant les gravures des vieux livres de Jules Verne. Alors que quelques projets rallument la flamme des explorations spatiales vers la Lune ou vers Mars, il est possible que l'aventure soit ailleurs. Les terres inconnues sont à proximité, les tribus sont urbaines. Ici et maintenant. Partons à la découverte de ces univers inconnus construits par l'homme lui-même. Nous voulons parler des mégapoles gigantesques hors d'échelle, qui restent à arpenter pour tenter de comprendre leurs habitants et, pourquoi pas, de construire avec eux une nouvelle condition métropolitaine. </p>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-15904270351471408042011-03-03T23:08:00.003+01:002011-03-05T07:37:58.447+01:00A quel territoire appartenons-nous ? Une pratique de l'espace discontinue<h3 style="text-align: justify;">Par Luc Gwiazdzinski</h3><h3 style="text-align: justify;">Publié dans La Croix, Edition du 4 avril 2008<br /></h3><div style="position: relative; float: left; width: 450px; text-align: justify;"> <p>On n'a jamais autant parlé du territoire et notre espace de vie n'a jamais été aussi tiraillé, voire aliéné. L'accroissement de la mobilité a fait sauter les cadres classiques de la quotidienneté et de la citoyenneté. La spécialisation des espaces en zones de logement, d'achats, de loisirs, de formation ou de travail nous oblige à bouger, à nous déplacer de plus en plus loin. La pratique de l'espace est de plus en plus discontinue. Nous zappons les territoires de la « ville à la carte » passant de l'un à l'autre par des tunnels, des « non-lieux » que nous investissons peu affectivement. La cartographie de notre espace vécu ressemble plus à un archipel aux limites floues relié par des réseaux qu'à un bassin de vie idéal ou à un quartier d'une ville. Conséquence parmi d'autres de cette mobilité accrue et de ce nomadisme subi, une majorité de personnes ne votent plus là où elles vivent mais là où elles dorment. Les fameux « bassins de vie » ne sont souvent plus que des « bassins de nuit ». </p> <p>Nos cartes d'identité évoluent. Il paraît difficile de retrouver un ancrage, une appartenance alors que nous menons aujourd'hui plusieurs vies en plusieurs espaces. Il est devenu difficile de dire d'où l'on est, à quel territoire on appartient. Les limites sont devenues floues. Il n'y a pas de sentiment d'appartenance unique. Entre son quartier, son village et le monde, l'individu fonctionne en appartenances multiples. </p> <p>Pourtant, de façon confuse, on sent bien que notre sentiment d'appartenance dépend de nombreux critères : le lieu où j'ai été élevé, celui où j'habite, mon histoire et celle de ma famille, là où résident mes proches, mes amis, mon lieu de travail, ma pratique de l'espace, mes habitudes, mes repères, des couleurs, des odeurs, des goûts, des lumières, des paysages, des actes symboliques comme celui de voter, des temps et des lieux collectifs. </p> <p>Face à l'uniformisation, les territoires se mobilisent pour « faire territoire ». Le sentiment d'appartenance est devenu un outil de mobilisation. La presse des collectivités, les bulletins municipaux en rajoutent dans la surenchère du vivre ensemble. Le contenu des chartes de développement à l'échelle intercommunale s'attache souvent à préserver l'identité. Les noms des structures intercommunales sont le plus souvent empruntés aux entités culturelles, humaines ou agricoles passées. De nombreuses stratégies sont mises en place pour développer le sentiment d'appartenance. On intervient sur le paysage, la signalétique, la sauvegarde du patrimoine ou l'architecture, les parcours de découvertes ou les routes thématiques, la valorisation des produits locaux ou la labellisation de produits du terroir, la restauration de monuments et leur mise en lumière. </p> <p>Toutefois, l'identité est un domaine sujet à manipulations, qu'il faut aborder avec la plus grande prudence. Certains territoires souffrent parfois d'un décalage entre une image passéiste et la réalité. La surenchère folklorique peut susciter des mécanismes de repli ou de rejet de l'autre. Attention au mythe de l'âge d'or qui nous saisit dès qu'un repère disparaît. Les sidérurgistes qui ont la larme à l'œil en voyant s'effondrer leurs hauts-fourneaux ne doivent pas oublier les conditions de travail d'alors. À quoi sert de protéger artificiellement les vergers qui entourent nos villages si personne n'est capable d'assurer un débouché pour les fruits ? Veillons aussi à ne pas fabriquer un espace trop caricatural, avec trop de cheminements imposés, devenant des obstacles à l'appréhension sensible des réalités du territoire. L'expérience montre, en tout cas, qu'un territoire où l'on se sent bien, qui attire et se développe, est d'abord un territoire organisé où les gens se rencontrent. </p></div>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-38198127312769952762011-03-03T23:03:00.005+01:002011-03-04T13:25:43.508+01:00Les défis de la citoyenneté augmentée<small>Par <strong>GILLES RABIN</strong> et <strong>LUC GWIAZDZINSKI<br /><br /></strong><small><span style="font-size:100%;">Publié dans Libération, édition du 23 février 2011</span><br /></small></small><p class="clear marginAuteur authors"> </p> <p>Il est courant de lire que nos concitoyens ne s’intéressent plus à la politique. On voterait moins et on ne lirait plus. Les Français seraient de moins en moins mobilisés par la chose publique, à peine capables d’éphémères pulsions compassionnelles.</p> <p>Pourtant, loin des discours nostalgiques et d’un cynisme postmoderne, des mouvements sont à l’œuvre. La citoyenneté - capacité de prendre part à la vie de la cité - ne faiblit pas. Ce sont les formes de la cité qui évoluent sous l’effet de la mondialisation et de la métropolisation. La citoyenneté s’adapte aux nouveaux réseaux, territoires, temporalités, mobilités et modes de vie.</p> <p>On doit prêter attention à ces nouvelles formes de mobilisation qui ne sont pas figées dans la proximité et l’urgence. La République peut évoluer sans se renier en prenant en compte la complexité des comportements et des appartenances. Nous en sommes encore loin. En France, des élites républicaines s’insurgent quand les lycéens manifestent contre une réforme des retraites qui ne les concernera pas avant cinquante ans. En Allemagne, les médias s’étonnent que, parmi la foule des manifestants opposés à la gare souterraine de Stuttgart, se trouvent des personnes âgées qui <em>«ne verront jamais la fin des travaux»</em>. Les mêmes aimeraient que l’on parle prospective et développement durable. Ailleurs, on manifeste pour le Tibet, la Chine ou la Tunisie à des milliers de kilomètres des territoires concernés. Partout, de nouvelles articulations s’établissent entre les mobilisations sur Internet et les manifestations dans l’espace public, entre le virtuel et le réel contre lequel les dictatures se cognent désormais, entre Facebook et la place Tahrir.</p> <p>Nous vivons avec 7 milliards de voisins et de contemporains avec lesquels nous devons désormais faire société. Ces citoyens se mêlent-ils vraiment de ce qui ne les regarde pas? Ne sont-ils pas au contraire, aux bonnes échelles spatiale et temporelle, l’avant-garde d’une nouvelle citoyenneté ? Les bataillons qui manifestent ne sont pas composés de professionnels protégés de la contestation et du <em>nimby</em> (1). Il ne s’agit pas non plus d’une mode citoyenne de défiance. On a vu que les internautes n’étaient pas des utopistes éloignés des réalités. Les lecteurs de Stéphane Hessel ne sont pas de simples nostalgiques des Trente Glorieuses, mais un réservoir d’acteurs indignés déjà mobilisés.</p> <p>Nous assistons à l’émergence de nouvelles mobilisations qui dépassent nos personnes, nos territoires administratifs de gouvernance et nos intérêts égoïstes. Pourquoi ne seraient-elles pas le socle d’une réflexion sur une «citoyenneté augmentée», c’est-à-dire plurielle, présentielle et multiscalaire ? La République doit prendre en compte ces nouvelles formes de citoyenneté adaptées à nos territoires de vie étalés et fragmentés.</p> <p>Dans une société des flux et de la mobilité, il paraît illusoire de vouloir faire coïncider l’<em>urbs</em> et la <em>civitas</em> dans une énième tentative de délimitation du «territoire pertinent» et de son mécano institutionnel. Il faut considérer l’instabilité de nos environnements, changer de regard pour penser les nouvelles figures de la citoyenneté augmentée, mobile et éphémère aux échelles de vie des usagers et habitants temporaires de nos territoires.</p> <p>Doit-on continuer à voter là où l’on dort et non là où l’on vit ? Explorons plutôt l’idée d’une citoyenneté présentielle pour ceux qui passent la majeure partie de leur temps éveillé à des kilomètres de leur lieu de résidence et n’ont aucune capacité de peser sur leur environnement quotidien. Imaginons de vrais maires de quartiers élus au suffrage universel et donc naturellement aux couleurs de la diversité française. Donnons un statut particulier aux touristes, visiteurs exigeants qui ailleurs deviendront nos meilleurs ambassadeurs ou nos pires détracteurs et contribueront à la définition de métropoles plus accessibles et hospitalières. A ses débuts, la République a su faire citoyens les étrangers méritants. Soixante-dix millions de visiteurs annuels et de prescripteurs potentiels méritent un minimum d’égards et de soins. Des millions de travailleurs étrangers bien davantage. Notre pays et chacun de ses territoires peuvent se grandir en expérimentant l’idée d’une nouvelle citoyenneté en résonance avec les pulsations de la ville et du monde, urbi et orbi.</p> <p>Opposer le mépris à celles et ceux qui savent dépasser les égoïsmes, les frontières et l’urgence du quotidien à travers des mobilisations plurielles, serait une erreur. Ne pas investir ces nouvelles formes de citoyenneté serait une faute. Loin des discours nostalgiques et des tentations de repli, ouvrons les chantiers d’une République et d’une France augmentées qui parlent à nouveau à l’Europe et au monde.</p> <p>Le rétrécissement des distances et des références doit et peut s’accompagner d’un élargissement de la citoyenneté. Passons de la résistance à l’offensive.</p> <p class="note"><span style="font-size:78%;">(1) Not In My Back Yard (en anglais, pas dans ma cour). Désigne une position qui consiste à ne pas tolérer de nuisances dans son environnement proche.</span></p>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-60999325363066770432011-03-03T23:02:00.002+01:002011-03-03T23:03:41.548+01:00Maîtriser la ville et le temps<h3 style="text-align: justify;">Par Luc Gwiazdzinski</h3>Publié dans La Croix, Edition du 9 janvier 2002<br /><br /><h3 style="text-align: justify; font-weight: normal;"><span style="font-size:100%;">La ville qui dort, la ville qui travaille et la ville qui s'amuse ne font pas bon ménage, et chacun devient schizophrène. Luc <span class="hilite1">Gwiazdzinski</span>, géographe, Professeur associé à l'université Louis-Pasteur de Strasbourg. </span></h3><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Les horaires et les calendriers d'activité des hommes battent le rythme de nos agglomérations, règlent l'occupation de l'espace et dessinent les limites de nos territoires vécus, maîtrisés ou aliénés. Pourtant, cette dimension temporelle a longtemps été négligée par les chercheurs, les édiles et les techniciens. Mais les temps changent. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Nos rythmes de vie évoluent rapidement sous l'effet de l'individualisation des comportements, de la tertiarisation, de la diminution du temps de travail, de la synchronisation des activités à l'échelle planétaire, des nouvelles technologies qui donnent l'illusion d'ubiquité et de l'évolution de la demande des individus qui veulent souvent tout, tout de suite, partout et sans effort. Il n'y a plus de pause dans cette course permanente qui grignote la sieste, les repas ou la nuit. TGV, restauration rapide ou Internet : tout est bon pour aller plus vite. Conséquences : les rythmes de nos agglomérations changent. Les déplacements liés aux loisirs augmentent. L'activité se prolonge plus tard en soirée. Le travail et l'économie de la nuit se développent. Le samedi devient un moment d'hyperactivité. En été, seule la période du 15 juillet au 15 août résiste. Le travail « 5 jours sur 7 » qui synchronisait la vie de la cité et le « 8 heures-midi, 2 heures-6 heures » qui organisait nos vies personnelles et collectives ont vécu. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Unifiés par l'information, les hommes n'ont jamais vécu des temporalités aussi disloquées. Nous vivons parfois dans les mêmes agglomérations, travaillons dans les mêmes entreprises, habitons les mêmes appartements ou faisons partie des mêmes familles et pourtant, nous nous croisons à peine faute d'avoir les mêmes horaires. Les territoires sont de plus en plus inadaptés à ces évolutions. A la concomitance des espaces et des temps succède l'éclatement. La demande se diversifie alors que les administrations, les commerces, les services (bibliothèques, centres socioculturels, crèches...) et les transports fonctionnent encore sur des horaires traditionnels. Confrontés à cette désynchronisation, écartelés entre nos statuts de consommateurs, salariés, parents et citoyens, nos emplois du temps craquent. Dans l'urgence et le stress, nous nous heurtons souvent aux horaires de moins en moins bien adaptés de la vie collective. Les conflits se multiplient entre les individus, groupes, territoires ou quartiers de la ville qui ne vivent plus au même rythme : la ville qui dort, la ville qui travaille et la ville qui s'amuse ne font pas bon ménage, et chacun devient schizophrène. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Sensibles à ces dysfonctionnements, les Italiens ont été les premiers à travailler sur « le temps des villes » pour une meilleure qualité de vie et une autonomie accrue des femmes. Une loi a donné au maire la compétence en ce domaine et des Ufficio tempi regroupant les acteurs locaux ont été mis en place afin d'améliorer la coordination des horaires et de concilier temps individuels et temps sociaux. Dans certaines villes, des Pactes de mobilité permettent de désynchroniser les horaires des activités professionnelles et d'améliorer la circulation aux heures de pointe. L'Allemagne et les Pays-Bas s'y investissent également. En France, les travaux prospectifs engagés par la Datar et le rapport d'Edmond Hervé sur « Le temps des villes » suscitent enfin l'intérêt. Avec un soutien national, des territoires pilotes comme Poitiers, Saint-Denis, le Territoire de Belfort, le département de la Gironde, Rennes, Paris ou Nancy, mettent actuellement en place des bureaux du temps chargés de travailler à une meilleure maîtrise de nos temps de vie familiale, professionnelle, sociale et citoyenne. Paradoxes : plus la mondialisation économique gagne, plus le local retrouve son sens, plus l'urgence s'impose, plus la maîtrise du temps long devient nécessaire, plus la fragmentation triomphe, plus on recherche la continuité et la permanence. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Au-delà des structures, c'est à chacun d'entre nous d'imposer ce débat dans nos organisations et nos familles. En occultant, on prend le risque de laisser des décisions isolées aboutir à de nouveaux déséquilibres, et à de nouvelles inégalités. Située au croisement de demandes aussi fortes que la qualité de la vie quotidienne, la proximité, la convivialité ou la démocratie participative, l'approche temporelle met naturellement le citoyen au centre du débat et renvoie à l'homme, à son vécu et à ses aspirations. Démarche transversale qui ne sépare plus la ville, l'entreprise et la population, elle permet d'envisager les outils d'une nouvelle gouvernance mêlant élus, populations, syndicats, entreprises, associations dans des processus de négociation en continu. </p>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-710524940392135442.post-53631713048543857102011-03-03T22:56:00.003+01:002011-03-03T23:00:31.512+01:00La République divisible<h5 style="text-align: justify;"> Par Bernard Aghina, Julien Gannard, Luc <span style="font-weight: bold;" class="hilite1">Gwiazdzinski</span></h5>Publié par La Croix, le 5 septembre 2001<br /><br /><div style="text-align: justify;"> </div><h3 style="font-weight: normal; text-align: justify;"><span style="font-size:85%;">Le couvre-feu imposé par des municipalités à des jeunes de quartiers « sensibles » révèle une volonté de mise à l'écart d'une partie des citoyens. </span></h3><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">En 1997, lorsque le Conseil d'Etat a recalé les municipalités instaurant le couvre-feu pour mineurs, car cela était « de nature à compromettre l'exercice des libertés publiques ou individuelles », on pensait ce type de mesure relégué aux oubliettes. Mais, considérant qu'il ne s'appliquait qu'à des quartiers pointés comme « sensibles » par le contrat local de sécurité, le Conseil d'Etat a cette fois légitimé un arrêté du maire d'Orléans interdisant aux mineurs de moins de 13 ans non accompagnés de circuler entre 23 heures et 6 heures du matin. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Après Orléans, Cannes, Colombes, Nice, Aulnay-sous-Bois... la contagion opportuniste guette et les mesures gadgets sont à la mode. Les élus d'opposition se sont engouffrés dans la brèche, le RPR inscrivant le couvre-feu à son programme de 2002. A lire les réactions de deux ministres, Marie-Noëlle Lienemann et Ségolène Royal, la « gauche » semble prête à s'aligner. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Certes, certains élus cherchent sincèrement des solutions à des problèmes de délinquance difficiles à résoudre. Mais ceux qui prennent ces décisions doivent être responsables et s'interroger sur leurs conséquences, leur efficacité à terme et sur leur impact pour le pacte républicain. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Au-delà de la rhétorique guerrière, on est en droit de s'interroger. Cherche-t-on à protéger les enfants ou à se protéger des enfants ? S'il s'agit de protéger les jeunes, pourquoi se limiter à 13 ans ? A-t-on besoin d'une telle mesure pour encadrer les mineurs ? S'il s'agit des habitants, faut-il les protéger de leurs propres enfants ? Quand les parents de ces cités-dortoirs travaillent tard, voire toute la nuit, quand les centres socioculturels et les structures d'accueil sont fermés en soirée ou quand les conditions de vie dans des appartements exigus sont délicates, faut-il s'en prendre aux jeunes ou accuser une nouvelle fois les familles ? </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">La mise en place de 20 correspondants de nuit semblait pourtant une approche plus constructive, d'autant que l'arrêté comporte quatre limites que rien ne justifie. On peut sourire en imaginant les jeunes en limite d'âge d'abord : dès 14 ans, bonjour la nuit ; en limite d'heures ensuite, avant 23 heures, tout étant permis et après 6 heures tout le redevenant ; en limite de saison aussi, organisant une bien belle fête à Orléans le 16 septembre ; en limite de zone enfin, faisant la nique aux policiers à quelques mètres de la zone sensible ou au retour du centre-ville où, comme chacun sait, ils ne risquent et ne peuvent rien. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">En attendant, aucune force de police ne pourra empêcher les jeunes mineurs de circuler avec leurs grands frères. Le mimétisme des aînés sur ces jeunes « protégés » n'en sera que plus fort et une certaine culture de la transgression pourra se développer. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">En quelques années, nous sommes passés d'un discours sur la discrimination positive _ concrétisé par des politiques de soutien aux quartiers dits sensibles _ à une politique de discrimination pure envers ces mêmes quartiers. C'est là où on a incité les entreprises à s'installer que l'on interdit aux jeunes de sortir. C'est dans les zones dénoncées comme « de non-droit » que l'on retire à une classe d'âge un droit fondamental : celui de circuler. </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;"> Une fois de plus, on désigne et sépare des quartiers, des générations et des populations, en jouant avec la peur sans apporter de réponse de fond. L'autre côté de la ville a décidé de vivre entre soi, laissant les quartiers sensibles et leurs habitants s'enfermer dans leurs difficultés. Poussé à l'extrême, ce phénomène de séparation conduit aujourd'hui huit millions d'Américains à vivre dans des « communautés clôturées » et surveillées, n'en sortant le jour que pour rejoindre leur emploi en ville. Entre ségrégation et développement séparé, avec ces arrêtés et les zones d'exception qui se multiplient, la ville se mue en un gigantesque jeu de marelle où chacun sautille, au gré des incitations ou des interdictions, d'une case à l'autre selon qu'il est parent d'élève, chef d'entreprise, clochard, étranger ou « mineur de moins de 13 ans accompagné d'une personne majeure ». C'est l'image médiévale et inégalitaire de la société et de la ville qui s'impose avec ses intérêts particuliers exacerbés, ses quartiers recroquevillés et ses couvre-feux. A quand des horaires d'ouverture et de fermeture du ghetto ? </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Changeons de paradigme. Peuplons la nuit urbaine et développons des activités en soirée afin de permettre un encadrement social naturel de la cité. Si, au lieu d'interdire aux enfants de sortir, on obligeait les parents à sortir ! Incitons-les à éteindre la télévision et à se retrouver à nouveau dans les rues. Préférons la convivialité ! </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;">Cessons de bafouer les principes républicains de liberté, d'égalité et de fraternité en apportant au coup par coup, avec cynisme et démagogie, des pseudo-réponses techniques qui fragilisent les fondements de notre société. Non au nouveau Moyen Age ! Oui à la République partout, pour tous et à toute heure. </p>gwiazdzinskihttp://www.blogger.com/profile/05280893719126861422noreply@blogger.com0